Quand la solution de facilité l’emporte sur l’intuition

Encore une grenouille

Dans l’article précédent, je vous racontais comment je me suis retrouvé en Espagne sur un coup de tête, ou plutôt un coup de cœur !

L’un des gros nœuds de l’histoire, vous l’avez compris ça a été le trajet en voiture.

Quelques jours avant le départ, je publie donc le covoiturage en ligne pour les 1100 km à parcourir et les premières demandes de réservation arrivent.

Je regarde toujours le profil de la personne qui réserve.

Et je me suis retrouvé à vouloir me justifier :

“Bon alors si la personne n’a pas de photo, je la prends pas !”

“Si elle n’a pas d’avis alors je la prends pas !”

“Si la personne est inscrite depuis quelques jours seulement, je ne la prends pas.”

“Si la personne ne m’envoie pas un message d’abord …”

En gros, je voulais me créer des règles à suivre pour sélectionner les profils.

En fait, derrière j’ai compris que je voulais être juste … et aussi pouvoir me justifier …

Pourquoi j’accepterais tel profil et pas un autre ?

Je voulais pouvoir dire que j’avais des règles.

Parce que ça fait sérieux, et c’est important d’être sérieux ! 🙂

Je prends conscience de comment ça fonctionne là-haut.

Sous prétexte de vouloir paraître sérieux, je m’inventais des règles et je n’écoutais pas mon ressenti.

Ça m’a donc permis de lâcher prise, de choisir en fonction de comment je ressentais les choses.

Et effectivement, j’ai choisi ensuite au feeling les premières personnes avec qui je voulais faire le voyage.

Il me reste une grosse portion de trajet en Espagne encore vide même si j’ai déjà échangé quelques messages en espagnol (merci au traducteur automatique …).

Mais si la personne ne parle ni français, ni anglais, ça ne va pas le faire !

Et là se présente une réservation en anglais pour 2 personnes au nom de Julia.

“Banco, ben voilà, c’est facile, comme ça c’est rempli et on n’en parle plus !”

Sauf que je suis allé un peu vite …

Je n’ai pas fait trop attention à mon ressenti ni à mon intuition.

En fait, sur la photo de profil, quelque chose ne passait pas mais j’étais tellement content d’avoir terminé les réservations que j’ai mis cette impression de côté.

Je commence à organiser le trajet plus en détail, points de départ et d’arrivée précis, horaires, etc.

Et puis pas moyen d’avoir Julia ni par le site de covoiturage, ni par sms, ni par whatsapp.

Tant pis, je définis un endroit accessible en tram avec les 2 personnes que je déposerai à Barcelone et je lui dis de me retrouver là-bas également.

C’est le départ !

Toujours pas de nouvelles de Julia le matin.

Je suis d’abord seul dans la voiture, puis je récupère deux personnes à Montpellier.

Tout le monde est à l’heure, on discute du but dans la vie, de ce qui est important, on échange, et le trajet passe très vite jusqu’à Perpignan.

L’un d’eux descend, l’autre passe derrière pour faire la sieste et on récupère Sara, une colombienne qui étudie à Barcelone.

Je préviens Julia de l’heure d’arrivée à Barcelone, elle me répond que l’endroit ne lui convient pas.

Un peu agacé, je lui demande de me proposer rapidement autre chose du coup … parce qu’on est sur le point de partir et qu’ensuite au volant, c’est beaucoup moins facile de se mettre d’accord.

On arrive à se mettre d’accord avec les premiers passagers également et on est reparti.

La discussion reprend dans la voiture.

Sara est chanteuse d’opéra !

On parle de la Colombie, de cinéma, d’opéras (elle me fait écouter une de ses prestations, impressionnante !), de musique, de nos familles, de Dieu, … Des discussions qui passent du superficiel au profond, du coq à l’âne, du mental au coeur, … J’adore !

Arrivé à Barcelone sans voir le temps passer, je dépose tout le monde et je récupère … Julia et son amie.

Premier contact un peu froid, on a 10 minutes de retard à cause du trafic dans le centre de la ville.

Je vois deux grosses valises, je les regarde, elles me regardent …

“Ah au fait, je ne vous ai pas dit qu’on aurait des grosses valises !”

Heureusement que je ne prends qu’une seule personne à l’arrière …

Tout le monde embarque, je leur demande à quel endroit il faut que je les dépose à Valencia.

Elles se regardent, ne savent pas trop (?) …

Je n’ai qu’une seule envie, c’est de sortir de Barcelone et de reprendre la route.

Je leur propose d’y réfléchir, je lance le GPS pour Valencia et on verra ensuite.

Julia, à côté de moi sort de suite de quoi dessiner. Son amie derrière s’installe pour dormir.

J’engage la conversation mais les réponses sont courtes et j’ai du mal à comprendre Julia qui parle avec une voix très basse et sans se tourner vers moi.

Mon attention se focalise sur le trafic à Barcelone (une chose à la fois pour nous, les messieurs …) mais une fois sur l’autoroute, je relance la discussion.

Force est de constater que Julia ne veut pas trop parler, son amie dort déjà derrière.

Le trajet se fait donc en silence.

Ca passe moins vite du coup …

On arrive enfin à Valencia, je leur dis qu’à partir de là, faut qu’elles me guident vers un point de dépose pas trop loin de l’autoroute mais qui les arrange pour rentrer chez elles.

Elles réfléchissent, regardent leur téléphone, et je commence à sentir un flottement.

Je vois les panneaux défiler : Valencia Nord, Valencia Ouest …

A bout de 5 minutes, je les interpelle : “On va où alors ?”

Je commence à m’agacer, j’ai encore 1h30 de route devant moi après 10 derrière moi.

La nuit commence à tomber et le trafic se densifie à mesure qu’on avance.

Elles m’expliquent qu’elles ne connaissent pas bien Valencia.

Je les invite à mettre le GPS sur leur téléphone vers l’endroit où elles veulent aller.

On y arrive enfin, mais on est en plein centre, en pleine heure de pointe …

Seule son amie descend, Julia est à déposer ailleurs …

Elle me dit que ce n’est pas loin et engage la conversation pour les 5 dernières minutes du trajet.

Ça sonne faux. Je préfère encore le silence.

Je la dépose enfin.

Je suis épuisé.

Je reprends la route et je passe sur le pont de l’Assut de l’Or, les lumières sont magnifiques de nuit.

Pont Valencia

Ouf, l’énergie remonte.

Je reprends un peu mes esprits et je prends du recul sur ce trajet avec Julia et son amie.

Certes, il y a de la fatigue.

Mais je me rappelle la photo de profil et je comprends mieux.

Je passe en revue ce qui s’est passé. Je fais le lien entre mon ressenti sur le moment et la situation vécue.

C’est comme si à chaque fois, je devais apporter beaucoup d’énergie pour établir la connexion avec Julia et que j’en ressortais vidé ensuite.

En fait, je prends conscience que je me suis laissé pomper mon énergie.

Je m’en veux.

Mais je me dis que c’est une bonne leçon, sans conséquence.

J’ai cédé à la facilité d’accepter la réservation sans écouter mon ressenti.

J’ai voulu être arrangeant mais au final, je suis allé au-delà de ce que j’étais prêt à accepter sans en parler, sans poser de limite.

Je prends du recul ensuite sur ce qui s’est passé avec Sara, une autre passagère.

D’un point de vue mental, rationnel, ça a été compliqué, on a eu du mal à définir un point de départ comme elle connaît très peu Barcelone et les transports là-bas.

Je ne pouvais que lui parler via Whatsapp (une application pour téléphone), pas par le site de covoiturage.

Son profil ne datait que de quelques jours …

Bref !

Mais tout du long, le ressenti était bon. Il y a eu des ajustements de bout en bout mais ça s’est fait de manière fluide et équilibrée d’un point de vue échange d’énergie.

Et le trajet a été super ensuite !

Une expérience riche d’apprentissage du coup, que je n’aurais peut-être pas pu avoir si j’avais pris l’avion comme mon mental voulait 🙂

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1 réflexion au sujet de « Quand la solution de facilité l’emporte sur l’intuition »

  1. Je voulais vous dire que j’adhère totalement à cette pratique d’écoute de l,intuition,mais il est vrai que le mental nous balade souvent et empêche d ecouterCLAIREMENT la voix de l’intuition.
    J’aime beaucoup vos interventions dans…..devenez le héros…..Mercî a vous pour votre spontanéité,votre honnêteté et l’art de vous mettre à notre portée,par votre modestie,et le fait de vous comporter comme un copain qui raconterait son aventure
    Organisez vous des séminaires en Francé?..je vis à l’étranger.MERCI

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