David arrive sur la scène, les sourcils froncés, l’esprit visiblement occupé.
Il salue rapidement ses collègues de l’orchestre et commence à s’installer.
Il rumine encore la dernière conversation avec sa copine.
Il pensait vraiment que ce qu’elle voulait c’était changer d’appartement, il croyait bien faire en voulant lui faire la surprise.
Il ne comprend pas ce qu’elle attendait de lui exactement maintenant. Au final, il n’a pas réussi à exprimer ce qu’il voulait et elle n’a pas apprécié ce qu’il a fait et dit.
Perdant, perdant …
— Bien joué, David ! murmure-t-il ironiquement.
— Qu’est-ce que t’as dit ? lui demande son voisin.
— Non, rien, répond David, surpris d’avoir été entendu.
— T’as l’air complètement ailleurs.
— Oui j’essaie de comprendre ce que veut ma copine, c’est comme si elle n’était jamais contente, finit par dire David. Je ne sais pas ce qu’elle veut que je lui dise.
— T’as intérêt à revenir avec nous, le « patron » a l’air au taquet ce soir !
Les musiciens continuent de se préparer, différents sons et courtes mélodies s’échappent ici et là. Certains soufflent dans les recoins d’un instrument, tandis que d’autres font quelques ajustements en tendant l’oreille.
Le chef d’orchestre fait son apparition d’un pas décidé.
— Mesdames, messieurs, bonsoir ! dit-il sur un ton solennel tout en ajustant sa moustache. Nous avons une belle soirée qui nous attend demain, préparons-nous ce soir pour délivrer le meilleur !
Les musiciens acquiescent respectueusement de la tête.
David s’assoit, prend sa trompette, ouvre sa partition, les sourcils toujours froncés.
Son voisin lui jette un regard inquiet.
La baguette en l’air, le chef d’orchestre ouvre grands les yeux pour attirer l’attention de ses musiciens, comme un trou noir qui aspirerait la lumière des étoiles autour.
Le silence se fait.
La baguette s’abaisse et la musique démarre.
David se met à jouer mais quelque chose le chiffonne, il n’est pas tout à fait dedans. Il cherche autour de lui. Il pose son regard sur le premier violon et commence à suivre son rythme à lui.
La moustache du chef d’orchestre change de forme.
C’est mauvais signe, tout le monde le sait.
Et d’un geste, il arrête tout le monde.
Il se tourne vers David.
— Dites-moi, David, il s’agirait de suivre un peu le rythme, vous êtes avec nous ?
— Oui, oui, pardonnez-moi.
— Très bien, reprenons !
La baguette se lève, les yeux s’ouvrent en grand et la musique démarre.
David garde sa concentration un peu plus longtemps, mais son attention dérape à nouveau, comme s’il tombait d’un arbre. Il regarde le groupe des cuivres, passe d’un musicien à l’autre, comme pour reprendre le train en marche mais son instrument déraille.
Ce que ne manque pas de noter le chef d’orchestre dont la moustache commence à s’agiter dangereusement.
Ce dernier arrête tout le monde.
— David, dites-moi, c’est qui le chef d’orchestre ?
— C’est vous, hésite david, embarrassé d’être sous le feu des projecteurs une nouvelle fois.
— Vous avez votre partition ?
— Oui, bien sûr.
— Alors, concentrez-vous maintenant ! finit-il fermement.
Et rebelote.
La baguette se lève, les yeux sortent de leur orbite ou presque et la musique démarre.
Intimidé, sous pression, David se concentre au mieux, mais son attention dérape à nouveau. Il se concentre sur son voisin pour reprendre le rythme mais la branche à laquelle il a tenté de se rattraper se brise presque instantanément.
— David !
La musique s’arrête aussitôt. Les regards se baissent dans l’orchestre.
— C’est qui le chef d’orchestre ?!
— C’est vous, hésite encore David.
— Oui, c’est moi. Ce n’est pas le premier violon, ce n’est pas vos collègues des cuivres ou votre voisin, c’est moi ! Tout ce que vous avez à faire, c’est jouer VOTRE partition et à ME suivre. Est-ce que vous comprenez ?
David acquiesce en silence.
La moustache reprend sa forme normale.
— Arrêtez de jouer en fonction des autres musiciens, continue-t-il sur un ton plus bienveillant. Ils ont leur propre partition à jouer, à leur rythme. C’est quand chacun joue sa partition en suivant mon intention ultime, dit-il en montrant sa baguette, que la musique s’élève et prend vie. Les musiciens individuels disparaissent et l’orchestre devient Un.
Durant le silence qui suit, David prend une grande inspiration comme pour bien sentir le parfum d’une fleur.
Le chef d’orchestre lui jette un regard interrogatif.
David acquiesce.
— Sommes-nous prêts ? demande-t-il en se tournant vers les autres.
La baguette se lève, les yeux sortent de leur orbite et la musique s’élève, impressionnante, grandiose, sublime.
David range son instrument, visiblement détendu.
Son voisin le dévisage.
— Eh ben, quelle répét’ ! dit-il, démarrage laborieux mais à la fin c’était énorme, quelle énergie !
— Ouaip, c’était top, je crois que j’ai compris, répond David.
— Comment jouer dans un orchestre ? lui répond son voisin sur un ton sarcastique.
— Comment discuter avec ma copine !
Et David prend ses affaires et s’en va, souriant.
Éclaireur
(pour en savoir plus sur mon cheminement, lire qui suis-je ?)
Je voulais vous dire MERCI pour vos textes vos intentions et toutes ces belles phrases que je reçois tous les jours !très souvent je me dis ,mais !comment il sait ???…ça me parle …j essaie d avancer dans ma vie et dans la connaissance de moi même ! Et sincèrement VOUS m aidez !!merci
merci pour les textes ,comment tu fais pour arriver au bon moment ,c est génial ,comme David dans l histoire on va mieux écouter avec le coeur