L’histoire des pharaons noirs

Sud de l’Egypte, 1920.

George est assis à son bureau en bois ancien, sous la plus grande tente du camp.

Assis sur sa chaise, il étudie les derniers rapports de son équipe de fouille. Différents objets jonchent son bureau et des étagères derrière lui.

Le responsable du secteur de fouille fait irruption à l’entrée de la tente.

— Venez voir, venez voir ! annonce-t-il en faisant une révérence approximative dans la précipitation.

L’archéologue américain se lève de sa chaise, prend son chapeau, sort de la tente et suit le responsable.

Il rejoint la pyramide, attrape une torche et s’engouffre dans un tunnel étroit.

Les ouvriers le laissent passer respectueusement en baissant les yeux.

Il arrive enfin dans une plus grande salle où d’autres ouvriers s’affairent à découvrir une fresque sur le mur.

Sur ordre du responsable, ils s’arrêtent et s’écartent pour laisser l’archéologue apprécier la découverte.

Il s’approche plus près, impassible, bougeant sa torche de part et d’autre de la paroi et il réajuste ses lunettes pour mieux voir.

Le responsable le regarde, attentif, s’attendant à une réaction.

Plusieurs minutes s’écoulent.

Mais rien.

L’archéologue grommelle sous sa moustache, tourne les talons et disparaît en silence à la surprise générale.

Le responsable de la fouille, surpris, envoie des ordres aux ouvriers qui se remettent au travail.


Le soir même, la discussion bat son plein sous la tente de l’archéologue.

— M’enfin, mon cher George, c’est une découverte capitale ! s’exclame le conseiller de l’université. Cette fresque est une révélation pour les connaissances actuelles en Égyptologie, l’université d’Harvard sera bien entendu honorée d’exposer vos découvertes.

George caresse sa moustache pour garder son calme, se lève et va remplir à nouveau son verre.

— Tout ça ne sont que des sottises, dit-il en buvant une petite gorgée, cette fresque ne prouve rien.

— Vous avez raison mon cher confrère, ajoute son collègue, un archéologue égyptien, il s’agirait de rester raisonnable dans vos conclusions, votre réputation est en jeu.

Le conseiller d’Harvard reste silencieux quelques instants puis renchérit :

— Vous ne pouvez pas passer à côté de cette évidence …

George se retourne le regard noir.

— Quelle évidence ? Ce n’est pas parce qu’une fresque représente des pharaons noirs que cela signifie quoi que ce soit ! s’emporte-t-il. Des pharaons noirs, on aura tout vu ! Pourquoi pas un président noir aux Etats-Unis pendant que vous y êtes ?!

Son confrère égyptien approuve d’un mouvement de tête.

Le conseiller d’Harvard est abasourdi :

— Vous ne pouvez pas aboutir à de telles conclusions !

George reprend de plus belle :

— De telles constructions si élaborées ne peuvent avoir été menées par des … « Africains » ! La voilà, ma conclusion ! Et voilà ce que l’Histoire retiendra !


Ce récit est certes fictif mais est inspiré de la véritable histoire de George Reisner, un archéologue américain qui découvrit 25 pyramides entre 1917 et 1920.

Il avait des convictions racistes et à cause de celles-ci, l’une des plus grandes civilisations de pharaons est passée inaperçue parce qu’ils étaient noirs !

Il considérait que cette civilisation n’était pas capable de construire seule cet empire !

Une conception raciste et infondée.

Les préjugés, les croyances, les histoires que l’on se raconte affectent notre perception de l’Histoire, déforment notre perception de la réalité et nous enferment dans un mode de pensée qui nous empêche d’évoluer en tant qu’individu et en tant qu’espèce.

Et nous créons notre réalité à partir de ce mode de pensée.

Alors, apportons de la lumière sur ce que nous pensons !

Et choisissons nos pensées en conscience.

Ainsi, le monde changera !

(Inspiré de la vidéo d’Arte : https://youtu.be/qlsVdJ7Si6c )

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