La pensée d’échec ou l’échec de la pensée

— On fait une partie d’échecs ?

Ma fille attend ma réponse, le plateau de jeu entre les mains.

Je soupire intérieurement.

Les échecs, ça n’a jamais été trop mon truc.

Je connais les règles de base mais ça s’arrête là plus ou moins.

Quelques parties avec des copains de classe au collège m’ont convaincu que je n’étais pas très bon non plus …

Je réponds quand même :

— Ok !

On s’installe et on commence à jouer.

Je suis hyper concentré, j’avance très prudemment, en faisant en sorte de ne pas prendre de risques et de ne pas perdre de pièces.

Mais je ne sais pas vraiment comment avancer dans le jeu.

Je me tiens la tête de longues minutes pour trouver le coup suivant.

Ma fille s’impatiente à plusieurs reprises :

— Bon tu joues ?!

— Je ré-flé-chis ! dis-je posément tant bien que mal.

Car en fait, je ne sais pas réfléchir à ce jeu !

Je m’en rends compte !

Heureusement, ma fille fait quelques erreurs et j’en profite pour prendre quelques pièces ici et là.

Au final, je m’en sors et remporte la partie, plus par opportunité que par stratégie !

Que ce fut laborieux !

Elle me dit qu’elle aime bien ce jeu et qu’elle aimerait rejouer.

Je me dis qu’il va falloir que j’apprenne à réfléchir comment jouer !


— Échec et mat en 2 coups, c’est aux blancs de jouer ! En combien de temps avez-vous trouvé ?

Au hasard de mes lectures, je tombe sur une personne qui partage chaque jour des parties d’échecs à terminer, avec bien entendu la solution.

— Ah, tiens intéressant ! me dis-je.

Je commence à suivre cette personne et chaque jour, je jette un œil au défi proposé.

Bien sûr, je me contente du niveau débutant pour lequel je me galère suffisamment comme ça !

Certains commentaires proposent la réponse, indiquant fièrement « 10 secondes » comme temps de réflexion.

Pour ma part, mon téléphone se met en veille au bout de 2 minutes.

Et il faut que je réveille mon téléphone plusieurs fois avant de trouver la réponse … quand je la trouve !

L’exercice quotidien est intéressant intellectuellement mais quand même très frustrant.

Un matin, je tombe sur le défi du jour et je me penche dessus, un café à la main.

Je commence à réfléchir un coup avec la tour …

Je rallume mon téléphone qui se met en veille.

— ou alors peut-être pas la tour mais le pion .. ?

Je rallume à nouveau mon téléphone …

— Non pas le pion, c’est nul, c’est forcément un coup à jouer avec la dame, je le sens mais je ne le vois pas !

Mon téléphone se met en veille encore une fois …

Intérieurement, je commence à m’agiter :

— Rhaaa, je le vois pas ce coup !

— Je ne trouve pas la solution !

— Punaise, je ne comprends pas …

Je m’interromps d’un seul coup.

Je me rends compte de ce que je me répète à l’intérieur !

— Pas très aidantes comme pensées !

Je me rends compte que je suis crispé et je me détends immédiatement.

Je prends une bonne respiration pour accentuer la détente et je me demande quelle pensée je pourrais choisir à la place.

Je prends le temps de formuler la pensée dans ma tête :

— Et si je voyais la partie autrement ?

En quelques secondes à peine, tout s’éclaire.

Sacrifier la dame, et le pion fait échec et mat ensuite.

Tellement évident !

Pourquoi je n’avais pas vu ça plus tôt ?

Je vérifie mon coup encore et encore mais tout semble correct.

Je regarde la réponse et c’est bien ça !

J’étais tellement focalisé sur le fait de ne pas perdre ma dame que je ne pouvais pas voir la solution attendue.

Je finis mon café, satisfait !

Désormais, en jouant avec ma fille, je prêterai moins attention à la stratégie qu’à mes pensées !

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2 réflexions au sujet de “La pensée d’échec ou l’échec de la pensée”

  1. Namasté Jean-Philippe,
    Sourire 😅 et bravo 👏 et encore mille mercis pour ces partages.
    Que Dieu Tout-Puissant te bénisse ainsi qu’à ta famille et à tout ce qui t’entoure 🙏

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