Comment interviewer vos parents peut vous guérir

Interviewer vos parents

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon père, il aurait eu 68 ans.

On n’a jamais été super proches, j’avais l’impression qu’il ne me connaissait pas et, moi en retour, que je ne le connaissais pas non plus.

Et puis partir 4 ans en Nouvelle-Zélande, forcément, ça n’a pas aidé ! 🙂

Quand il m’a annoncé la récidive de son cancer en 2015, j’ai eu un pressentiment assez fort et la vie m’invitait de différentes manières à rentrer de toute façon en France.

Et à ce moment-là, je suis tombé sur un article qui invitait à faire l’interview de ses parents.

Alors je me suis dit, ni une, ni deux, je vais préparer des questions pour mon père !

Quand il a reçu les 40 questions, il m’a fait une remarque comme à son habitude … “Oh là là … toutes ces questions !”.

L’idée, c’était qu’il les lise et qu’on en discute de vive voix quand j’arrive quelques semaines plus tard.

On décolle le 24 décembre pour 30 heures de trajet (!) et le 26 à mon arrivée, je suis dans le train pour voir mon père.

Et on a discuté, des heures et des heures

On a repris les questions, une par une et puis d’autres me venaient, au fur et à mesure …

Je rebondissais sur ses anecdotes, il me partageait des souvenirs, ses doutes, ses peurs, ses envies, …

J’ai plus appris de la vie de mon père en 2 jours qu’en 35 ans !

Et cela lui a plu, il était content de pouvoir partager sa vie, avec ses réussites, ses difficultés, ses expériences, …

Et à un moment, il fallait que je lui pose une question ou du moins que je lui partage un ressenti.

Car après le décès de ma mère, sa femme, rien n’était jamais assez comme résultats, notamment scolaires, il nous poussait à plus, nous poussait plus haut, nous poussait plus loin, ma sœur et moi, mais sans encouragement ou félicitations au fur et à mesure.

Et parfois, souvent même, on ne le vivait pas bien.

J’ai l’impression que ça n’était jamais assez.

Et c’est quelque chose qui m’a suivi très longtemps ensuite.

Alors je lui ai dit, je lui ai partagé ce ressenti.

Et l’échange qui a suivi a été un soulagement car j’ai compris la raison de ce comportement.

Il avait peur, peur pour nous.

Il voulait qu’on soit autonome, qu’on soit assez grand et fort pour avancer dans la vie.

Ma mère qui nous quitte à 46 ans, il avait peur de partir tôt et que nous n’arrivions pas à nous en sortir tout seul.

Alors il essayé de nous pousser le plus loin possible pendant toutes ces années … pour qu’on sache se débrouiller.

Quelque chose a guéri en moi sur le coup.

Quelque chose s’est dissout.

Une forme de ressentiment envers lui a disparu.

Et j’ai trouvé encore plus de sérénité.

Trois semaines plus tard, il était en soins intensifs et il nous a quitté le mois suivant.

Mais j’étais soulagé d’avoir appris à le connaître en tant que personne, pas seulement en tant que père mais en tant qu’homme qui a eu son expérience de vie avec ses moments de joie et ses moments de peine.

J’ai renouvelé l’expérience avec ma grand-mère (dernier grand-parent !) quelques mois plus tard, et ça a été des moments très intenses et très riches pour tous les deux.

Je ne peux que vous recommander de faire la même chose avec des personnes qui vous sont proches, c’est un vrai moment de partage de cœur à cœur et, pourquoi pas, de guérison

Pour vous y aider, voici un questionnaire type que vous pouvez adapter à votre contexte, sentez-vous libre d’y ajouter toutes les questions qui vous viennent.

Et surtout pensez à enregistrer la conversation (installez une application de dictaphone sur votre téléphone si besoin), vous verrez que vous découvrirez de nouvelles réponses en ré-écoutant la conversation plus tard.

Vous pourrez également la partager avec d’autres personnes si besoin.

A vous de jouer !

  1. Que te vient-il à l’esprit quand tu penses à ton enfance à […] ?
  2. Qu’est-ce que tu aimais faire quand tu étais gamin avant le collège ?
  3. Qu’est-ce que tu aimais faire à l’école (primaire / collège) ?
  4. Qu’est-ce que tu rappelles le plus de ton adolescence ?
  5. Quelle image as-tu de la mamie comme maman ?
  6. Qu’est-ce qui était le plus important pour elle ?
  7. De quoi te rappelles-tu le plus du Papy ?
  8. Qu’est-ce qui était important pour lui ?
  9. Si le Papy avait un message pour toi et ses petits-enfants, ce serait quoi ?
  10. Comment as-tu rencontré Maman et comment as-tu su que c’était “elle” ?
  11. Comment as-tu choisi ta carrière et quelle était ta partie préférée ?
  12. Qu’est-ce qui fait que tu réussissais dans ton métier ?
  13. En quoi croyais-tu à propos de toi-même qui t’a permis de réussir tes projets et de faire face aux difficultés de la vie ?
  14. Quelles périodes de ta vie ont mis à l’épreuve ton courage et qu’est-ce que tu as appris à propos de toi-même en y faisant face ou non ?
  15. Quels sont les 3 événements qui ont le plus impacté ta vie ?
  16. De quoi te rappelles-tu à la naissance de [ma soeur aînée] ? à la mienne ?
  17. As-tu eu peur de devenir Papa ?
  18. Quels sont les 3 mots qui résumeraient votre manière d’être parents ?
  19. Quand tu penses à [ma soeur], comment la décrirais-tu ?
  20. Quel message as-tu pour [ma soeur] que tu aimerais toujours qu’elle garde à l’esprit ?
    Questions 19 et 20 pour moi (et éventuellement d’autres enfants dont on ne connaîtrait pas l’existence 🙂 )
  21. Quand tu penses à Maman, comment la décrirais-tu ?
  22. Si tu pouvais lui transmettre un message, quel serait-il ?
  23. Quels 3 mots décriraient le mieux qui tu voulais être dans la vie et comment tu voulais qu’on se rappelle de toi ?
  24. Quand ils pensent à leur carrière, sur quoi souhaites-tu que tes enfants se concentrent ?
  25. Qu’as tu appris sur les êtres humains en général dans la vie ?
  26. De quoi penses-tu que le monde a besoin aujourd’hui ?
  27. Que penses-tu que les personnes veulent le plus dans la vie ?
  28. Quelles ont été les 3 meilleures décisions que tu aies prises dans ta vie ?
  29. De quoi es-tu le plus fier dans ta vie ?
  30. Quels étaient les 5 moments les plus positifs de ta vie ?
  31. Quel message voudrais-tu partager à la famille ?
  32. Pour quoi as-tu le plus de gratitude ?
  33. Si tu pouvais changer quelque chose à ta vie, que changerais-tu ?
  34. Si tu pouvais changer quelque chose dans notre éducation, que changerais-tu ?
  35. Est-ce qu’il y a une question que tu aimerais que je te pose ?
  36. Si tu pouvais rencontrer quelqu’un, un personnage célèbre, fictif ou réel, encore en vie ou non, qui t’a inspiré ou t’inspire, qui est-ce que tu rencontrerais et quelle question tu lui poserais ?
  37. Quelle question leur poserais-tu ?
  38. Quelle a été ta pire erreur dans la vie ?
  39. Qu’as-tu appris ?
  40. Si tu repenses à l’étape la plus difficile de ta vie, imagines que tu peux transmettre un message [à la personne interviewée] de cette époque, quel message lui enverrais-tu ?
  41. Quel est le sens de la vie d’après toi ? que crois-tu que signifie la mort ? quelle conception as-tu de l’au-delà ?
  42. Quel est ton plus grand regret ?
  43. Si tu avais une baguette magique (une vraie !), quelle est la chose que tu aimerais faire avant de partir ?

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38 réflexions au sujet de “Comment interviewer vos parents peut vous guérir”

  1. Merci infiniment pour cet “article”. Il m’a touché dès le début et cette idée est superbe.
    Cela permet certes un contact plus fort avec son parent mais aussi de pouvoir échanger….

    Les générations avant la nôtre manifestaient peut les compliments…. l’amour aussi (enfin de façon maladroite, filtrée)…. Le taux de mortalité des enfants étaient assez faible ( beaucoup n’atteignaient pas les 14 ans, et leur départ trop to^t était une tragédie, aussi les parents mettaient une distance pour limiter leur attachement).

    Je poserai ces questions et d’autres avec ceux qui sont encore de ce monde.
    Merci de nous avoir partagé cette superbe, fantastique idée, Jean Philippe.
    Merci également de vos messages et de tout ce que vous faites !

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    • Bonne anniversaire à votre papa, j’ai pas eu la chance de le connaître le mien, ni ma maman.
      Je vais essayer de répondre à vos questions avec mes enfants. Merci pour vos messages au quotidien cela m’aide pour commencer ma journée.?Lily

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  2. Bonjour
    Je n’ai plus mes parents depuis longtemps, mais je vais m’inspirer de toutes ces questions et je vais tenter d’y répondre pour mes propres enfants.
    Merci pour ce partage.
    Anne

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  3. Merci beaucoup Jean Philippe pour ce questionnaire, moi j’ai perdu mes parents mais je pourrais m’en servir pour mes proches merci aussi pour tout ce que vous faites.
    Evelyne ? ? ?

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  4. Wouaw merci pour ce beau partage !!!
    C’est une histoire magnifique je te remercie vraiment gratitude pour toutes ces questions que tu as posé et que tu nous partages, pour que l’on puisse faire pareil avec ceux qu’on aime? tu sais Jean Philippe il fallait déjà avoir tout ce questionnement dans la tête ! cela me faire penser à Conversations Avec Dieu avec Neal Donald Walsch, c’est tout plein d’amour tout plein de paix et tout plein de joie gratitude encore pour ce partage que je vais vite mettre en pratique Daniella

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  5. Merci Jean Philippe pour cet émouvant témoignage, et de le faire circuler. Je le pratique instinctivement avec mes proches. Oui ça marche et c’est magnifique pour soi et pour l’autre ! Etant thérapeute, j’ai à coeur de faire passer le message comme toi. Je suis Conversations avec Dieu et toi depuis de nombreuses années et merci pour tout cela, c’est bonheur de cheminer dans la Vie avec plus de lumière. Gratitude, Namasté, Gratias la Vida ! Marie Christine

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  6. Merci Jean-Philippe pour ce partage. Magnifique idée pour re- nouer des liens avec nos parents, nous permettre de mieux les connaître nous aider à les voir avec un autre regard, mieux nous construire et transmettre à notre tour.
    La paix s’installe d’abord au sein de notre famille avant de rayonner dans le monde notre autre grande famille pour que le meilleur soit !

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  7. C’est une bien jolie lettre, mais cela ne marche pas pour tout le monde.
    J’ai parlé avec mon père petite et même adolescente il était pour moi une référence et pourtant je n’avais le droit que de me taire et d’obéir.
    Adulte il aimait raconter son passé ses souvenir ses exploits il m’a même demandé de lui faire un livre sur ses réalisations. Puis je me suis mariée comme beaucoup peut-être pour fuir les agressions psychologiques endurées. Cela n’a pas suffit il a fait pression sur mon mari et nous avons divorcé (je ne l’ai su que bien plus tard une somme d’argent contre son départ) et la pression psychologique a repris de plus belle sur moi mes enfants …… Alors j’ai fini par demander pourquoi réponse “je fait ce que je veux et c’est ma façon elle n’est pas discutable fin de la conversation.” Alors dans ce cas sa mort m’a plutôt soulagé et petit à petit je reprends le contrôle de ma vie. Croyez moi ce n’est pas facile après des décennies agressions psychologiques. Merci quand même et tant mieux pour vous……….

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    • J’ai été enfant battue par mon père dans une famille de 7 enfants. Je ne comprenais pas les mauvais traitements que je subissais jusqu’à ce que j’apprenne que mon père n’était pas mon vrai père et que pour éviter un scandale familial, on avait obligé mon père à se marier avec ma mère (en fait, son frère marié et père de 3 enfants était mon vrai père). J’ai alors appris que le père qui m’avait élevé avait fait une croix sur l’amour qu’il vivait avec une femme pour m’assumer. Je lui rappelais la souffrance qu’il vivait, le scandale évité qui avait fait de lui une victime de sa famille.
      J’ai appris par la suite de nombreux secrets et non-dits dans la famille de mon père et de ma mère.
      Lorsqu’il est tombé malade d’un cancer, je ne savais pas tout ça… Je l’ai accompagné du mieux que j’ai pu et je lui ai dit que j’avais souffert de cette violence, que je lui pardonnais et que je l’aimais car il nous avait donné des valeurs, des bons moments…. Il m’a dit qu’il m’aimait aussi, c’était la première fois que j’entendais une parole d’Amour de lui, nous avons pleuré. Il m’a dit qu’il était fier de ce que j’avais fait dans ma vie (j’étais alors en plein divorce d’un pervers narcissique et j’en bavais : plus de métier, RSA, resto du coeur…) mais c’est un moment merveilleux que je n’oublierai jamais et je suis en PAIX avec lui. Il est décédé 2 mois après à l’heure où je recevais un diplôme à 59 ans. J’AI PARDONNE parce que j’ai compris. Les non-dits font plus de mal que la vérité. Aujourd’hui, je sais que je suis “fille unique” avec 2 pères (mon père génétique est décédé 6 mois après ma naissance dans un crash d’avion militaire) et 9 demi-frères et soeurs.
      Courage, on s’autodétruit avec la rancoeur. Questionne ton entourage, il y a certainement une raison à cette violence liée sans doute à une souffrance.

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  8. Merci pour ce partage. Pour ma part, j’ai perdu ma mère il y a 15 ans et mon père au mois de mars de cette année. Nous avons beaucoup parlé les années qui ont précédé son décès et je ne regrette rien. Mais c’est une très bonne idée toutes ces questions.

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  9. Quelle super idée et je la sens merveilleusement utile surtout quand les années passent et que le départ approche ! Merci pour ton inspiration. je vais transférer cette liste de questions , non exhaustives à mes 2 grandes filles, ne pas attendre qu’il soit trop tard !

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  10. Merci beaucoup pour ce partage qui rend le Monde meilleur…je n’ai jamais pu le faire avec mes parents, je le ferai avec mes enfants….remerciements et Amour

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  11. Très touchant Jean-Philippe…je constate encore une fois que tu es une vraie belle personne ! Merçi dêtre là pour nous !
    Avec tout mon amour , Nicole.
    P/S , je t’apprécie tous les jours , en faisant la Superbe méditation…qui fait ma joie de tous les jours !

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  12. Bonsoir Jean-Philippe,
    Merci pour ce témoignage combien instructif. Il m’a donné l’idée moi le père, il n’y a plus personne avant moi, mes ascendants sont déjà dans le monde invisible, de dialoguer avec mes enfants. Peut-être sont-ils demandeurs de certaines questions jamais abordées ! en me servant du questionnaire la parole sera plus libre. Quel plaisir de suivre chaque jour conversations avec Dieu, je ne m’en lasse jamais et combien de vérité à méditer. Je bénis le jour ou j’ai dit oui à la réception de la pensée de Neale Donald Walsch , Namasté

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  13. Merci merci pour toutes ces questions…qui introduisent le dialogue…Trop tard pour mes parents mais une idée pour des grandes tantes qui seront peut être ravies d’y répondre et de se souvenir de leur enfance…Et pour moi face à mes propres enfants un petit travail de mémoire… Belle soirée

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  14. Bonsoir, j’ai coupé les ponts avec mes parents toxiques depuis 5 ans maitenant.. Jamais je ne lèverai le petit doigts pour eux…. Toute la famille est au courant des malheurs de ma vie et de ma santé.. Ils veulent seulement ma perte…
    Je ne veux plus souffrir..

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  15. Magnifique idée pour connaître ses parents dans leur humanité, avec leurs failles et leurs talents, leurs espoirs et leurs déceptions, leur point de vie d’homme ou de femme, et non de père ou de mère.
    Merci d’éveiller la lumière en chacun de nous!

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  16. Quelle belle âme es-tu Jean Philippe. Merci pour ce que tu es et ce que tu transmets.
    Reconnaissance et gratitude. Magnifique ! C’est toi le héros.
    Dominic

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  17. j’ai fait le questionnaire à ma mère. Nous avons une relation conflictuelle depuis 20ans. Je cherche à améliorer cela mais avec trop de colère et de maladresse. Ce qui aboutie à un état infernal. Hé bien, à la fin des questions, un grand sentiment de SOULAGEMENT et beaucoup d’AMOUR m’ont envahie. Et j’ai senti ma mère apaisée. Comme si elle s’était rappelé QUI ELLE ÉTAIT VRAIMENT.
    Alors merci. Merci. Merci…

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  18. Questionnaire que vous est, forcément, très personnel et qui ne me convient pas du tout. Je ne retiendrais
    que 3 ou 4 questions car il faut que l’autre (le papa) soit prêt à être sincère ce qui n’est absolument pas dans la capacité de mon “papa”.

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  19. Commentaire noyé dans la masse pour vous remercier de cette magnifique idée…Relation tendue avec mes parents comme beaucoup de monde…On essaie d’y mettre du sien, on renoue, on consolide les liens…Le temps et la distance aidant…Des parents et un enfant (moi!) plus ouvert au dialogue et à l’écoute…Le développement personnel aussi aide à comprendre, et bien sûr CAD, la base…
    Quelle merveilleuse idée pour les fêtes de fin d’année…Je vais tenter le coup…pour la postérité! Je pense que ça sera dur pour tout le monde mais important comme démarche pour la sérénité de chacun avant qu’il ne soit trop tard…

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  20. Voilà, le SMS est parti, je propose l’idée à ma mère 🙂
    Merci pour le partage, qui ne m’arrive pas par hasard, mais au moment parfait.
    Je ressens beaucoup de gratitude.

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