Sur une planète au fond de la galaxie, les corps des habitants brillaient d’une certaine couleur en fonction de leur état d’être :
- le jaune pour la joie
- le rouge pour la colère
- le violet pour la tristesse
- le gris pour la peur
- le bleu pour la surprise
et bien sûr toutes les nuances et les mélanges en fonction de l’intensité et la diversité des situations.
Une conversation avec un ami qui vit une déception amoureuse ?
La personne repart avec une couleur plus violette car elle est triste pour son ami.
Les enfants qui sautent dans des flaques d’eau par une pluie battante ?
Ils brillent d’un jaune éclatant !
Un arc-en-ciel apparaît d’un seul coup ?
Et la couleur jaune des enfants se teint de bleu pour la surprise.
Tout ce petit monde était de bonne couleur et brillait ainsi le plus souvent d’un jaune éclatant mais aussi de couleurs changeantes, comme une mosaïque harmonieuse, vivante et spontanée.
Un jour, une sphère de lumière fut offerte en cadeau et installée au milieu de la place d’un village.
Une fois allumée, la sphère de lumière était d’un jaune éclatant, presque hypnotique.
Dès que les personnes s’approchaient, elles changeaient leur lumière et brillaient elles aussi d’un jaune éclatant.
Ces sphères apparurent un peu partout sur la planète.
D’abord une seule par ville et village, puis plusieurs, par quartier, même par rue.
La nuance de jaune changeait parfois de manière subtile, elle tendait légèrement vers le bleu par exemple mais revenait presque aussitôt au jaune.
Peu importait pour les êtres de cette planète.
C’était devenu une habitude, un réflexe de se rapprocher d’une sphère de lumière et d’imiter sa couleur.
Une personne tendait vers le violet ?
Elle cherchait la sphère la plus proche et changeait rapidement sa lumière pour l’imiter, vers plus de jaune.
Ouf ! ça allait tout de suite mieux !
Un peu plus tard, chaque habitant avait sa sphère de lumière chez soi.
C’était devenu une évidence voire une nécessité et chacun chez soi se synchronisait sur la couleur de la sphère de la maison comme un automatisme, souvent le matin au réveil.
Les habitants ne se posaient même plus la question.
Ils ne prêtèrent même plus attention à la couleur des sphères qui affichaient désormais toutes la même couleur.
Ils se contentaient de l’imiter et ne remarquèrent même pas le changement progressif.
Au début, ce fut léger mais de nuance en nuance, les sphères changèrent complètement de couleur.
Le jaune éclatant se ternit peu à peu, passant par le bleu, en allant jusqu’au gris.
Parfois même, les sphères tournaient au rouge violacé avant de revenir au gris.
La vie des habitants sur cette planète avait radicalement changé.
Disputes, tensions, rancœurs, grandissaient jour après jour.
L’harmonie des couleurs avait laissé la place à une monotonie grisâtre.
Le jaune n’était qu’un lointain souvenir …
Un matin, un habitant se leva de « bonne couleur », et observa longuement sa lumière briller d’un jaune éclatant.
Joyeux à l’idée de passer une belle journée, il se dirigea dans le salon et vit la sphère d’un gris rouge, couleur qu’il imita sans en prendre conscience avant de sortir de chez lui pour aller voir sa voisine et amie.
Leur discussion tourna à la dispute en quelques instants.
Il marqua une pause :
— Je ne comprends pas, dit-il, ce matin, j’étais tout jaune !
— Ce n’est pas possible, répondit sa voisine énervée en faisant un geste vers son salon, regarde, la sphère est gris-rouge !
— Mais je ne me sens pas gris-rouge, dit-il en baissant les yeux comme pour vérifier, pourquoi faudrait-il que je sois gris-rouge ? je n’ai pas envie d’être gris rouge !
Et sa couleur tourna de plus en plus au jaune.
Il afficha alors un sourire, puis dans un élan, il s’approcha de la sphère du salon de son amie et l’éteignit !
— Hé mais qu’est-ce que tu fais ?! demanda-t-elle, ébahie, passant du gris rouge au bleu rouge.
— C’est juste pour voir, dit-il, toujours souriant.
Elle l’observa attentivement et sa propre couleur commença à changer elle aussi.
Du bleu rouge à plus de bleu, puis au fur à mesure à plus de jaune.
Ils se regardèrent interloqués, une étincelle dans les yeux, comme deux gamins qui découvrent un trésor.
— Je brille jaune ! Je brille jaune ! Faut que j’en parle à ma famille !
La nouvelle de cette expérience se répandit rapidement dans le village puis de village en village.
Certains habitants ne voulaient rien entendre, mais de plus en plus essayèrent d’éteindre la sphère chez eux.
Ils se rendirent compte que leur couleur pouvait changer presque aussitôt vers plus de jaune.
Des demandes furent faites pour éteindre les sphères dans les quartiers et les places.
Mais des manifestants s’organisaient pour garder les sphères allumées :
— Les sphères nous donnent la couleur ! indiquaient les panneaux brandis au-dessus des têtes.
Une part d’eux ne comprenait pas comment la couleur des êtres pouvait être différente de celles des sphères.
Mais il fallait bien qu’ils se rendent à l’évidence en voyant les autres habitants.
Chaque habitant pouvait briller d’une certaine couleur sans qu’on leur dise laquelle.
Chaque habitant pouvait reprendre la responsabilité de son état d’être.
Éclaireur
(pour en savoir plus sur mon cheminement, lire qui suis-je ?)
Merci Jean Philippe, après t’avoir lu je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la chanson de Hugues Aufray sur les crayons de couleur. Merci pour ce que tu fais. VM
c’est super !!! mais dans ce cas la couleur est très visible donc il est plus facile de « montrer » et de suivre du coup l’exemple, parce que on peut soi même constater le changement, flagrant, et les autres aussi peuvent le voir, et essayer, ou pas , de changer leur couleur, mais ce que l’on vit actuellement est plus « sournois » pas de couleur visible, on nous rend gris par le manque de communication entre nous, il n’y a plus que des portables, pour communiquer, des ordinateurs, pour communiquer, ou les pubs à la télé qui nous sont assénées dans les cerveaux en permanence, on nous incite à suivre ce genre de communication, parce que tellement « pratique » ….. les sorties entre amis, sans le portable, dans les bois ou au bord de mer…..le relais à la Nature tout ça n’est pas recommandé du tout , et si quelqu’un essaye de montrer aux autres qu’il peut faire différemment, il n’a pas de couleur vive pour faire voir ce changement, donc plus long et difficile de faire prendre conscience aux autres que le changement est possible, ou la « non acceptation » de la situation infligée , les gens sont tellement dans ce petit confort de ce qui leur est imposé, qu’ils ont du mal à se souvenir qu’avant on faisait autrement, ou bien ils n’ont jamais connu autre chose et ont du mal à imaginer que ce pourrait être autrement, et en plus pourraient avoir peur de cet « autrement » inconnu ……
J’adooooore, mille merci 😍
bonjour Jean Philippe
cette belle histoire nous démontre que c’est en toi que
tu peux trouver les couleurs qui te correspondent, cette palette
nous la possédons tous à nous d’en sortir la meilleur couleur
nous sommes le pilote de notre vie avec un coeur ,une âme
donc des sentiments qui nous permettent de faire nos propres choix
sans adhérer à une couleur universelle.
merci Jean Philippe pour ce moment de réflexion
🙏👏👏👏👏 Bravoooooooo
Vos histoires sont une vraie source d’inspiration…
En résumé, il est possible de changer tout ce qu’on veut, encore faut-il en avoir conscience !!
Merci pour ce partage.
Sylvie