Le voyage spirituel de Pauline guidé par son ange-gardien

Pauline lutte pour avancer, mais ses efforts semblent vains.

La douleur déchire son corps : son dos la martyrise, ses épaules la tiraillent, et ses traits se crispent sous l’effet de la souffrance. Des larmes glissent le long de ses joues, tels des ruisseaux silencieux charriant les dernières gouttes de son espoir.

Un instant, elle s’immobilise, le regard baissé.

Elle s’abandonne à l’évidence qui la guette depuis si longtemps.

Ses yeux se posent devant elle et parcourent le chemin qui serpente sur la colline, s’éloignant à l’horizon.

Une inspiration profonde la fait reprendre ses esprits.

— Ce n’est certainement pas le bon chemin, murmure-t-elle avec une confiance mi-assurée, mi-dubitative.

Une part d’elle aurait tant voulu que ce chemin la conduise vers le bonheur qu’elle poursuit.

Une autre partie cherche à se convaincre que si ce n’est pas fluide, c’est que ce n’est pas le bon chemin.

— Cela devrait avancer tout seul si c’est vraiment mon chemin de vie !

Pauline redresse le menton et rebrousse chemin jusqu’au carrefour quitté précédemment.

Son regard balaye les différentes routes qui s’offrent à elle.

Les souvenirs de ses dernières tentatives affluent, un mélange subtil de découragement et d’espoir.

— Je vais bien finir par trouver le bon !

Désormais, deux chemins seulement subsistent.

Deux possibilités.

Les temps à venir seront difficiles pour Pauline, car malgré sa volonté, elle n’ira pas bien loin sur ces routes.

Son ange-gardien la contemple depuis les cieux.

Il admire son courage, sa ténacité à vouloir avancer, à chercher sa voie.

Quand il la voit revenir au carrefour après sa dernière tentative, il ressent sa tristesse, son découragement et son désespoir.

Lorsqu’elle s’assoit, la tête entre ses mains, murmurant une prière, c’est le signal qu’il attendait.

L’ange-gardien est prêt.

Il doit intervenir.

Commence alors un parcours bureaucratique céleste kafkaïen : formulaire 505 à remplir, validation au bureau 130, timbre d’approbation à récupérer dans le bâtiment A57, et une multitude d’étapes administratives avant d’obtenir l’autorisation d’apparaître devant Pauline. Enfin !

— Bonjour Pauline, je suis ton ange-gardien …

Pauline sursaute légèrement, surprise.

Elle perçoit l’aura bienveillante de l’ange, devinant sa présence juste en face d’elle.

— J’aurais aimé venir te voir plus tôt, mais la bureaucratie céleste… Tu vis sur Terre, tu sais ce que c’est… Bref, je suis là pour te donner un coup de main ! annonce-t-il fièrement, les poings sur les hanches.

Pauline reste silencieuse tandis que la silhouette angélique se précise.

— Heum, heum toussote légèrement l’ange-gardien. Que se passe-t-il Pauline ? Comment puis-je t’aider ?

— Je ne trouve pas mon chemin, j’ai tout essayé, sans succès, à chaque fois c’est la galère, trop difficile, ou bien rien ne marche ! se lamente-t-elle.

— Je comprends, je comprends…

L’ange sort une tablette de sa manche et commence à pianoter.

— Pourtant de ce que je vois de ton champ des possibles, tous ces chemins pouvaient fonctionner et le peuvent encore.

Pauline lui lance un regard noir que l’ange-gardien feint de ne pas voir en pianotant pour rien sur sa tablette.

— Bien, voyons ce qui te bloque, laisse-moi une minute… Rhâa, ils ont encore modifié l’interface, le bouton était à droite d’habitude…

Pauline lève les yeux au ciel, laissant échapper un soupir chargé d’impatience.

— Ah, je crois que j’ai retrouvé dans le menu, ça y est ! Oui, ok, bon, … aaaaah ben oui, maintenant je comprends mieux ! s’exclame l’ange-gardien avec un sourire radieux.

Pauline affiche un sourire faux pour montrer son agacement et son impatience.

L’ange gardien range maladroitement sa tablette dans sa manche et s’assoit à ses côtés.

Il la regarde avec une douceur infinie, et aussitôt l’humeur de Pauline s’apaise.

— Tous ces chemins peuvent encore fonctionner pour toi. Ton intuition est juste, tu as les réponses en toi et tu sais les écouter. Tu possèdes les compétences nécessaires pour avancer. Ces chemins correspondent aux multiples facettes de ton être, et aucun n’est supérieur aux autres. Ton libre-arbitre te permet de choisir et de créer celui qui t’appelle le plus intensément. Et chacun de ces chemins te conduira vers une meilleure version de toi-même.

— Mais j’ai tout tenté ! Aucun de ces chemins n’a fonctionné, j’ai pourtant tout donné, j’ai appris, j’ai persévéré ! répond Pauline, au bord des larmes.

— Oui, je t’ai observée et ton courage est vraiment admirable, Pauline.

— Alors quoi ? Qu’est-ce qui m’empêche d’avancer ?

— Ce n’est pas ce qui est devant toi qui te bloque, mais ce qui est derrière toi.

— Comment cela ?

— Tu traînes derrière toi les fardeaux de ton passé. Quel que soit le chemin que tu choisiras, ces fardeaux te ralentiront et t’entraveront dès que la route deviendra tant soit peu difficile. Là où tu en es, Pauline, ce n’est pas le choix du chemin qui est déterminant, mais celui de te libérer de ces poids.

Une vague de soulagement submerge Pauline.

Elle regarde derrière elle et découvre, sans surprise, de lourdes sphères sombres qui lui sont attachées.

Ces boules, elle les connaît trop bien.

— Tu tentes de forcer le passage, mais le chemin devient fluide pour celui qui s’est libéré de ses fardeaux passés. La bonne nouvelle, c’est que vu le courage dont tu fais preuve pour essayer d’avancer, tu as largement de quoi affronter ces poids du passé !

L’ange-gardien marque une pause.

— Si tu te sens bloquée aujourd’hui, ce n’est pas parce que tu ne peux pas avancer, mais parce que tu refuses de regarder ces poids du passé. Mais c’est précisément l’invitation que la Vie te lance aujourd’hui. Elle te montre où porter ton regard.

— Et tu peux m’aider ? demande timidement Pauline.

— Bien sûr ! clame l’ange-gardien en sortant à nouveau sa tablette, débordant d’enthousiasme. J’ai plein de solutions dans ma manche !

Il marque une pause pour reprendre plus doucement :

— Je ne peux t’aider que selon l’intention que tu poses. Tout ce que tu as à faire, c’est de choisir de te libérer de ces poids, de poser cette intention et les solutions viendront à toi. C’est mon travail !

Pauline esquisse un sourire, regarde l’ange-gardien et l’enlace.

Celui-ci s’évapore en silence, retournant dans les cieux, laissant derrière lui une présence d’amour.

Pauline se relève, inspirant profondément, et se tourne vers les boules sombres qui la suivent.

Elle sourit.

Et l’ange-gardien sourit aussi.

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8 réflexions au sujet de “Le voyage spirituel de Pauline guidé par son ange-gardien”

  1. L’échange que Pauline a avec son ange gardien m’a émue et fait monter les larmes aux yeux. Il résonne pour moi, comme si j’étais Pauline avec ses boulets. Alors j’émets l’intention de me libérer de tout ce qui ne me sert plus aujourd’hui pour trouver le chemin de mon épanouissement.
    Je crois que ma nouvelle version de moi à dû mal à s’imposer, à oser briller encore plus et à dire au revoir à ce qui a un moment donné été là pour ma survie…
    C’est bizarre presque un sentiment de nostalgie ou de dommage de ne pas m’en être rendu compte plus vite. Et maintenant, fais je pouvoir m’ouvrir davantage pour m’aimer en toute circonstance inconditionnellement ?

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  2. Au-travers d’un récit tout en charme et délicatesse, une fois de plus Jean-Philippe nous convie à observer une vérité qui nous rattrape lorsqu’on l’oublie ; celle qui consiste à nettoyer régulièrement les blessures du passé, à pardonner puis rendre grâce avant de poursuivre le chemin de son choix.

    Merci Jean-Philippe pour ce 250ème article qui nous chavire le cœur.

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  3. Et si maintenant mes blessures du passé ne dirigeaient plus ma vie mais qu’elles soient définitivement ma force ?
    Et si je m’autorisais dès maintenant à dire oui à ma meilleure version et ainsi changer tout mon écosystème ?

    Merci Jean-Philippe pour ta lumière, et longue vie à tes inspirations manuscrites🙏

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  4. Mon Dieu (pardon pour l’expression)!! C’est exactement ce que je vis.. épuisant d’essayer d’avancer et de ne faire que du sur place. J’ai cru que c’était parce que j’essayais de « forcer le destin ». D’accord, ce temps que j’ai devant moi est aussi pour alléger ma pauvre mule et pour pouvoir poursuivre ma route. Merci Jean-Philippe

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