Julius mit les genoux à terre, le sang ruisselant sur le sol.
Des larmes coulaient de ses joues, il ne souffrait pas de ses jambes blessées mais de ne plus pouvoir revoir l’amour de sa vie.
La dernière flèche l’emporta dans un dernier souffle.
– La veille –
Julius sauta par-dessus le mur comme au-dessus d’un petit buisson, il traversa à grandes enjambées les jardins éclairés par la lune.
Les gardes aux portes étaient trop occupés à discuter des événements de la journée dans l’arène.
Julius savait de quoi ils parlaient, il y était.
Il avait gagné cinq des sept épreuves, notamment la plus attendue, celle de la course à pied.
Ses jambes étaient un cadeau du ciel, il avait la sensation de voler quand il se mettait à courir.
Mais ce qui lui importait le plus, c’était de revoir sa bien-aimée.
Il allait la revoir demain à la cérémonie de victoire mais il ne pourrait pas la prendre dans ses bras.
Il était donc bien décidé à la rejoindre ce soir.
Il aperçut le signal, une bougie sur le rebord du balcon.
La voie est libre.
Si la famille royale apprenait qu’il voyait en secret la princesse, il serait condamné à mort.
Julius prenait donc toutes les précautions pour ne pas être vu.
Un à un, il escalada les étages menant à ses appartements, s’aidant des plantes grimpantes le long des murs.
Julius se balança d’une main pour toucher le rebord du balcon qu’il attrapa sans difficulté avant de se hisser par-dessus.
La princesse Eséris faisait les cent pas, les mains jointes, lorsqu’elle l’aperçut.
Elle aurait voulu se précipiter vers Julius mais son éducation l’avait habituée à la retenue.
C’est lui qui vint à elle et lorsque ses bras se refermèrent sur la princesse sans un mot, elle se sentit fondre.
L’étreinte fut de courte durée.
La porte des appartements d’Eséris s’ouvrit d’un seul coup, laissant entrer une demi-douzaine de gardes qui encercla le couple surpris.
Puis lentement arriva le frère d’Eséris, prince héritier du royaume et responsable des armées.
– Ma sœur, vous êtes un déshonneur pour la famille ! déclara-t-il.
– Et vous, dit-il en se tournant vers Julius, vous … comment osez-vous …
Et avec un air de dégoût, sans finir sa phrase, il fit un signe de la tête au chef des gardes.
Julius se mit devant Eséris pour la protéger mais les gardes l’empoignèrent et l’emmenèrent.
– Nooon ! Hurla Eséris de désespoir, retenue par les gardes.
– Assez ! interrompit son frère, vous n’avez plus qu’à espérer que le roi ait pitié de vous.
Il sortit en fermant la porte à clé.
Eséris s’effondra en larmes sur son lit.
– … et l’arrogance de cet homme doit être châtiée ! termina le prince devant une foule muette.
Le grand vainqueur des épreuves de la veille avait les mains liées dans le dos, la tête baissée.
Eséris porta ses mains à son visage.
Julius connaissait la fin de l’histoire.
– Tes jambes t’ont mené au sommet, je vais donc les ramener à ce qu’elles sont vraiment, de la simple chair et du sang, dit à voix basse le prince pour que seul Julius l’entende.
Le prince fit un signe de la tête à un garde qui leva son arc.
Ce dernier décocha une flèche dans chacune des cuisses de Julius.
Après un long silence, le prince fit un dernier signe au garde.
La flèche arriva cette fois en plein cœur.
Magali avait les larmes aux yeux.
Allongée sur le dos, elle restait immobile, allongée sur la table de massage, pendant que Thomas finissait le soin, les yeux fermés, les mains au-dessus des cuisses de Magali.
Thomas prit une grande inspiration, se frotta les mains et ouvrit les yeux.
– Prenez un moment pour revenir à vous, en vous relevant doucement, à votre rythme, indiqua Thomas en revenant à son bureau.
Magali prit elle aussi une grande inspiration, porta une main à ses yeux pour essuyer ses larmes et se releva doucement.
Elle mit une main sur son cœur, comme un réflexe.
– Comment vous sentez-vous ? demanda Thomas.
– Et bien je ne m’attendais pas à une telle aventure épique ! répondit Magali en souriant, mais je ne suis pas sûre d’avoir tout compris …
– En partant de votre demande en début de séance, nous sommes remontés à une vie antérieure pour en trouver l’origine, commença Thomas.
– Ça paraît bien compliqué pour juste des douleurs dans mes cuisses, interrompit Magali sceptique.
– Des douleurs sans explication, pour lesquelles, vous m’avez dit que rien ne marchait, c’est bien ça ? demanda Thomas pour confirmation.
– Oui, j’ai tout essayé, des régimes, le sport à différentes doses, de différentes manières, mais rien n’y fait, depuis toute petite, j’ai des grosses cuisses qui me font mal ! A part des anti-douleurs, on ne m’a rien proposé d’autre, répondit Magali comme pour se justifier.
– En fait, la raison était probablement plus profonde, votre corps a gardé en mémoire le traumatisme physique des jambes dans cette vie antérieure, expliqua Thomas, mais cette vie a surtout ancré la pensée selon laquelle « l’amour est impossible et source de souffrance ». « Si j’aime, je meurs », résuma-t-il. Cela vous parle ?
Magali resta bouche bée, bloquée comme un ordinateur qui a buggé.
Thomas releva les sourcils en direction de Magali comme pour répéter sa question.
– Euh … oui, oui, répondit timidement Magali en reprenant ses esprits. On ne peut pas dire que ma vie amoureuse soit une réussite, j’ai tendance à être attirée par des hommes mariés et ça finit toujours en drame, je mets des mois, voire des années à m’en remettre ensuite …
Magali resta silencieuse.
Une partie de son esprit commençait à faire le lien avec l’histoire de Julius, une autre plus cartésienne résistait à cette idée.
– Hmmm hmmm, acquiesca Thomas. Bon, en tout cas, j’ai travaillé sur cette information-là, c’est possible que ça brasse un peu dans les prochains jours, vous me tenez au courant après une semaine si ça ne va pas.
Magali ferma la porte derrière elle.
Elle s’installa au volant de sa voiture et au moment de mettre le contact, elle s’interrompit et posa à nouveau la main sur son cœur.
Magali prit alors conscience de sa légèreté nouvelle, les picotements permanents qu’elle ressentait jusque-là à cet endroit avaient disparu.
Elle démarra la voiture et sourit.
Éclaireur
(pour en savoir plus sur mon cheminement, lire qui suis-je ?)
Merci infiniment pour ce partage. Quel témoignage qui fait réfléchir. Que c’est vrai.
✨Merci Jean – Philippe✨
J’ai très souvent l’envie d’accéder à toujours plus de mes vies antérieures avec le sentiment que cela me serait d’une grande aide 💚