Un café avec l’ostéo

Agnès a rendez-vous chez l’ostéopathe.

Son épaule lui fait un mal de chien, elle peut à peine bouger le bras sans avoir des douleurs dans toute la partie gauche de son corps et dans son cou.

Dans la salle d’attente, elle essaie de lire une revue d’une main, tant bien que mal quand le praticien ouvre la porte :

— A vous ! dit-il d’une voix tonitruante et un grand sourire.

Agnès sursaute, ce qui déclenche une douleur dans son omoplate.

Elle se lève et suit le praticien dans le cabinet.

Agnès n’est pas bien grande à côté du gabarit de joueur de rugby de l’ostéo.

Elle pose ses affaires et après un court échange, s’assoit pour la séance.

Le praticien se prépare lui aussi, jette un œil en coin à sa patiente visiblement toute crispée et lui demande de se détendre un peu tout en se frottant les mains avec du gel.

— Bon alors, voyons voir cette épaule ! annonce-t-il en s’approchant.

Il pose une main sur son épaule, une main sur le poignet et s’interrompt.

Agnès s’est crispée encore plus et a changé de posture.

— Tout va bien, mademoiselle, nous ne sommes pas dans un avion sur le point de se crasher, vous pouvez vous détendre ! dit-il avec un grand rire.

Agnès ne bouge pas, les bras repliés devant elle, les mains serrées et le regard baissé.

Le praticien se redresse et se tient debout face à elle.

Il croise ses bras musclés en silence, dans la posture de Mr. Propre.

Un moment passe.

Agnès regarde les chaussures du praticien devant elle, commençant à se demander ce qu’il se passe.

Le praticien attend patiemment puis soudain :

— J’ai tout mon temps, vous savez, je n’ai pas de patient après vous !

Les yeux d’Agnès s’activent dans toutes les directions, le regard toujours baissé.

— Mais, mais … qu’est-ce que vous attendez ? finit-elle par dire.

— J’attends que vous soyez prête, tiens ! répond-t-il gentiment.

— Mais je suis prête ! rétorque-t-elle du tac-o-tac.

— Ça, c’est ce que vous me dites, votre corps me dit autre chose ! hahaha !

— Mais allez-y, faites votre truc, s’énerve Agnès, vous êtes bien plus costaud que moi de toute façon, on m’a dit que vous étiez le meilleur de la ville !

— Regardez-moi, mademoiselle, dit le praticien sur un ton bienveillant mais ferme.

Agnès relève un peu la tête pour croiser son regard.

— Je ne peux vous aider que si vous acceptez d’être aidée ! Je suis assez bon dans ce que je fais, oui, dit-il modestement, mais je ne suis pas magicien !

Un ange passe.

Agnès reste silencieuse.

— C’est comme si vous m’invitiez à prendre un café chez vous mais que vous laissiez la porte fermée à clé ! Y’a que vous qui avez la clé ! J’ai beau être costaud, je ne peux rien faire contre les portes blindées, conclut-il avec un grand rire.

Il retourne s’asseoir à son bureau et fait mine de l’ignorer en rangeant quelques papiers en silence.

Agnès commence à bouger légèrement sa tête comme pour étirer son cou puis les épaules commencent à s’abaisser légèrement tandis qu’elle se redresse.

Après une minute ou deux, elle lui dit d’une petite voix :

— Je suis prête.

Le praticien se lève de son bureau, se place face à elle, tout sourire, repositionne à nouveau ses mains et commence enfin à la masser.

— Ce sera un café sans sucre pour moi, s’il vous plaît ! dit-il avec un rire bienveillant.

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