— Mais punaise, pourquoi il ne met pas son clignotant, celui-là !
Martine vient de piler au rond-point, elle croyait que le véhicule allait sortir mais il a continué à tourner au moment où Martine allait s’engager.
La journée démarre de manière laborieuse pour Martine.
Un réveil à l’arrache, la machine à café qui fait des siennes, le trafic sur la route, la conduite agressive de certains conducteurs.
Alors qu’elle circule en ville, son attention est attirée par les panneaux notamment publicitaires. Elle a du mal à se concentrer, en plus du GPS qui lui donne les directions en se superposant à la radio.
Elle sature sans s’en rendre compte.
Elle s’engage sur un parking de magasins et hésite longuement devant la multitude de panneaux d’indications, comme si son cerveau n’arrivait plus à lire.
La voiture derrière elle klaxonne ce qui fait sursauter Martine.
Elle voit son conducteur faire des gestes et bouger les lèvres dans son rétroviseur.
— Oui, oh, ça va ! c’est pas ma faute s’ils mettent 50 panneaux à l’entrée, comme si on avait le temps de tout lire ! s’emporte Martine.
Elle repart sur les chapeaux de roues, et se concentre sur la musique au rythme saccadé pour tenter d’oublier la boule au ventre qui vient d’apparaître.
L’atmosphère est tendue sur le parking, entre les piétons qui traversent sans regarder, les véhicules qui veulent se garer et ceux qui veulent partir de leur stationnement.
— Lâcher-prise … lâcher-prise … je dois lâcher prise, se répète Martine, le souffle court, je n’ai pas le contrôle sur les autres.
Rien n’y fait, elle a l’impression de subir toutes ces circonstances mais surtout ses propres pensées et émotions.
Elle pile à nouveau, en retenant sa respiration.
Une vieille dame s’est engagée sur un passage piéton mal indiqué.
Alors que Martine se relève un peu pour vérifier les marques au sol, elle croise le regard de la vieille qui lui envoie un grand sourire et un geste de gratitude de la main.
Cette dernière marche lentement, avec grâce et élégance, le visage radieux.
Martine soupire longuement.
Le contraste la surprend, comme si la petite vieille vivait dans une réalité parallèle, superposée à la réalité agitée de Martine.
La traversée semble durer une éternité.
Martine en profite pour changer de radio et tombe sur Clair de Lune de Debussy. Un morceau qu’elle adore.
Son corps y réagit presque aussitôt en se calmant.
Martine redémarre et se dirige spontanément vers le fond du parking où il y a moins de monde et d’agitation. Elle se gare rapidement sur une place libre face aux arbres.
Elle coupe le moteur, ouvre un peu la fenêtre et s’enfonce dans le siège en fermant les yeux.
Le bruissement des feuilles dans les arbres résonnent dans ses oreilles et se propage comme une onde apaisante dans tout son corps.
Ses pensées se calment, son corps se décontracte.
Elle ouvre les yeux et jette un œil dans le rétroviseur.
L’agitation du parking lui paraît bien loin.
Elle a l’impression d’être assise dans un autre siège, dans une autre réalité.
Elle prend spontanément une grande respiration et remet la clé sur le contact.
Clair de lune se termine à la radio.
Elle se demande ce qu’elle fait là, sur ce parking, ce n’est pas le plus important de ce qu’elle a à faire aujourd’hui.
Quelle idée !
Elle se dirige tranquillement vers la sortie, observant la longue ligne de voitures avançant au pas sur la route.
A peine arrivée au stop, la prochaine voiture l’invite à passer.
Martine la remercie d’un geste et d’un sourire.
La route s’ouvre sur deux voies et alors que la file s’allonge à droite, la voie de gauche est complètement libre.
Cela tombe bien, c’est là où Martine doit aller.
Arrivée au rond-point, Martine découvre un magnifique arbre qu’elle n’avait jamais remarqué jusqu’ici.
Ce n’était pas faute d’emprunter cette rue !
La route est fluide jusqu’à chez elle.
Enfin rentrée, elle pose les clés sur la commode, ouvre la porte de sa terrasse, et s’assoit près de ses plantes pour leur dire « bonjour » comme tous les matins, sauf ce matin …
Elle les remercie spontanément, sans vraiment comprendre, et sourit.
Éclaireur
(pour en savoir plus sur mon cheminement, lire qui suis-je ?)
Merci Jean-Philippe 🙏effectivement c’est trop souvent la réalité mais l’important est de s’arrêter, prendre le temps de respirer, calmer les fluctuations du mental afin de lâcher-prise. ☀️🌸
Je viens de partager ce texte et le ferai
dorénavant pour les autres tant ils diffusent calme et paix intérieure. Les énergies actuelles bousculent beaucoup et s’apparentent à des montagnes russes bien souvent. Merci beaucoup🙏💜
Bonjour Jean Philippe, j ai vécu ce sentiment de pré-explosion hier en allant dans un grand supermarché. Je n arrivais plus à supporter les résidents de ma residence, je n’y reste que pour le grand jardin avec de grands arbres, fleurs, oiseaux qui me permettent de rester vivante, et je me reprochais d être allée dans un supermarché avec son grand parking. Les petits espaces me conviennent mieux. J hésitais à rentrer dans le supermarché, je regardais les voitures sur le parking, les clients qui marchaient dans tous les sens, et tout à coup, un léger vent, ni froid ni chaud, a « glissé » sur mon visage, mon cou, dans mes cheveux, et là, tout d un coup, tout a changé. J étais bien. Totalement bien. Je suis restée ainsi quelques secondes. Immobile. Je ne voyais plus la « laideur » ce qui m entourait. Je ne voyais plus l enfer sur terre. J étais sur Terre et j étais bien.
Bonne journée Jean Philippe Merci pour vos diffusions
Cette histoire est criante de vérité ! J’y suis confrontée encore souvent , le défi est d’en sortir le plus vite rapidement possible! Cela s’appelle de l’auto-éducation, bon ça prend du temps pour changer la donne mais ça marche !
Courage à tous!
Merci Jean-Philippe pour ton analyse et tes solutions, tes clés …
Bel arrêt sur image !
oh merci pour ce fabuleux message qui résonne tellement en moi.
oui nous sommes pris par le flot de la vie parfois.
il suffit de dire stop et de se recentrer.
Mes fleurs dans le jardin m’appellent souvent et juste les regarder et leur parler, on est déjà beaucoup mieux.
c’est formidable et magique.
merci et gratitude a mère Nature.
corinne
et oui, se rendre disponible à l’aide d’un temps d’arrêt et tout change … merci
bonjour jean Philippe
merci pour cette histoire je pense que beaucoup
d’entre nous ont vécu ces moments de différentes manières.
j aime la fin de ton histoire. Peut être que le bonjour à ses plantes ¨
ce matin là manquait ? comme pour lui dire arrête toi un instant’, juste un instant.
Belle histoire …à se remémorer quand on en a besoin. Merci beaucoup