La Chaudière : Une Histoire de Procrastination

« La procrastination est comme une carte de crédit : c’est très amusant jusqu’à ce que vous receviez la facture. »

Fraîchement débarqué dans mon nouvel appartement, je découvrais les joies – et surtout les tracas – d’une première installation. Fini les logements meublés où tout était déjà en place ! Cette fois-ci, je partais de zéro.

Les chèques s’enchaînaient comme une valse vertigineuse : loyer, caution, frais d’agence, ouvertures de compteurs…

Je n’avais pas encore passé une nuit dans ce logement que mon compte en banque criait déjà grâce !

Alors quand j’ai appris qu’il fallait faire vérifier la chaudière, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.

« On est en juin après tout », me suis-je dit. « Pas besoin de chauffage avant des mois ! »

Ainsi débuta mon grand festival de la procrastination, ponctué d’excuses plus créatives les unes que les autres :

• « C’est au propriétaire de gérer ça, non ? »
• « La chaudière est presque neuve, elle peut bien attendre… »
• « Encore une règle immobilière stupide… »

Les jours sont devenus des semaines, les semaines des mois. Comme la cigale de la fable, j’ai chanté tout l’été… jusqu’à ce que les premiers froids me rappellent à l’ordre.

Un soir d’automne, je me décide enfin à faire un devis en ligne.

Premier choc : le prix varie selon l’ancienneté de l’installation !

La procrastination aurait-elle un coût ?

Mon cœur fait un bond. Je ferme nerveusement l’onglet, mais l’inquiétude s’est déjà installée, aussi tenace que le froid qui commence à s’installer dehors.

Les scénarios catastrophes défilent dans ma tête : la standardiste me sermonnant sur mon retard, le technicien levant les yeux au ciel devant mon inconscience, la chaudière rendant l’âme en plein hiver…

Je secoue la tête comme un chien mouillé pour chasser ces pensées parasites.

Respirant un grand coup, je reprends mon courage à deux mains et le devis en ligne à zéro.

Surprise : le tarif est finalement plus avantageux !

Premier soulagement.

Mais malgré les multiples formulaires en ligne, il faut encore décrocher ce fichu téléphone à la fin de la demande de devis !

La part d’ingénieur en moi lève les yeux au ciel.

Je prends mon téléphone, mes doigts tremblent pour numéroter tandis que mon cerveau imagine déjà la conversation la plus humiliante possible.

Et là, coup de théâtre !

Non seulement la standardiste est d’une gentillesse désarmante, mais j’apprends que l’entretien est pris en charge par la résidence.

To-ta-le-ment gratuit !

Je lui fais répéter trois fois, certain d’avoir mal entendu.

Le rendez-vous est fixé trois jours plus tard.

En raccrochant, je réalise : quatre minutes.

Quatre petites minutes de conversation ont suffi à démolir six mois de scénarios catastrophes et d’anxiété auto-alimentée.

Morale de l’histoire ?

Parfois, le meilleur moyen de sortir de sa tête, c’est simplement d’agir. La réalité est souvent bien moins effrayante que les films que l’on se projette.

Et vous, combien de temps passez-vous à repousser ces petites tâches qui finissent par devenir des montagnes dans votre esprit ?

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