Faut que j’écrive un article !

Syndrome de la page blanche

8h11.

Je pointe du doigt un arc-en-ciel au loin.

Ma deuxième me demande si un jour on pourra aller chercher le trésor au pied de l’arc-en-ciel.

Je souris. Le trésor pour moi, c’est l’arc-en-ciel …

Je me gare, mes filles descendent et au moment de repartir, je bloque :

— Mince, mais je n’ai pas d’article pour aujourd’hui !

Mon cerveau se met en route d’un seul coup.

Je viens de prendre conscience qu’on est vendredi.

D’habitude, j’écris au moins un article dans la semaine mais là … non.

8h34.

Je pose ma tasse de café à côté de l’ordinateur.

— Qu’est-ce que je pourrais bien écrire ?

Un article ? Une histoire ?

Je plonge dans mes notes à la recherche d’une idée.

Quelqu’un toque à la porte.

— Bonjour, je me demandais si vous vouliez un matelas ?

Je me réinstalle à l’ordinateur.

Je me rends compte que j’ai soif.

Je me relève pour chercher un verre d’eau.

8h49.

Bon, j’ai pas d’histoire qui me vient.

Un article, pour changer ? sur quoi ?

Le modèle économique actuel et ses limites ? ça sent “l’enfonçage” de porte ouverte …

Faire pleurer quelqu’un, c’est bien ou pas bien ? ça sent les trop longues explications à l’écrit …

Je m’enfonce dans mon siège.

— Mince, mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire ?!

Je repense à la poubelle sous l’évier.

Je me rappelle qu’il y a peut-être des sacs poubelle dans le placard du balai.

Je me lève, je vérifie, non.

Faudra vraiment que j’en rachète.

Je me rassois.

Bon, reprenons les idées d’article.

— Mouais …. Mouais … pas envie … pfff pas encore …

Je ferme mes notes et je mets mon casque pour m’isoler.

9h03.

Je demande à recevoir une idée d’article.

Je prends quelques respirations mais je ne me détends pas.

— Et si je méditais ?

J’ouvre une fenêtre pour lancer une musique mais je tombe sur une autre vidéo intéressante.

— Ah oui je vais l’enregistrer pour la regarder plus tard !

Hop, hop, hop, j’en prends note dans mon agenda.

Bon ok, c’est fait.

— Bon, qu’est-ce que je voulais faire déjà ?

9h11.

Toujours pas d’idée.

— Bon et si cette semaine, je ne publiais pas ?

Le monde ne va pas s’écrouler !

J’hésite, c’est un peu facile …

J’ouvre une page pour écrire.

Je regarde l’écran.

Je regarde le curseur clignoter.

Je regarde le clavier.

Rien ne vient.

Je regarde l’heure …

Punaise !!

9h17.

— Bon faut que je trouve une solution.

Et si j’allais prendre l’air 5 minutes pour me changer les idées ?

Je regarde dehors.

Gris et pluvieux.

Je reste assis.

Je repense au dernier atelier, peut-être que j’ai une idée qui va venir.

Je me rappelle d’un moment et je commence à imaginer une histoire.

Un personnage qui marche dans une ville toute grisâtre entourée d’un mur. Il est né et a grandi ici et ne connaît que cette ville. Seulement tout commence à s’effondrer autour de lui. Les bâtiments, les routes, les ponts et même le mur tout autour. Il voit les gens paniquer autour de lui dans la rue. Lui aussi a peur, mais une partie de lui reste sereine, à son grand étonnement.

Je cherche une fin tant bien que mal …

— Faut que je trouve quelque chose !

Ah ! Si !

Alors que tout s’écroule, une brèche s’ouvre enfin sur le monde extérieur et le personnage découvre un autre monde au-delà du mur d’enceinte.

Je pousse un soupir.

Bon, ce n’est pas du Spielberg.

Trop déprimant ? Trop simple ?

J’hésite, je reprends l’idée, la soupèse dans ma tête … puis pousse un autre soupir.

(NB: cette histoire a finalement été écrite et publiée ici !)

9h31.

Je reprends ma tasse de café pour la 48ème fois.

Et pour la 43ème fois, je me rends compte qu’elle est vide.

Je me renfonce dans mon siège en croisant les bras.

— Et si j’allais dehors ?

Cette fois, je me décide à me lever et je sors.

Je fais quelques pas et je m’arrête devant un chêne.

Je me rends compte de ma (mauvaise) posture et je me redresse tout en respirant tranquillement.

— Bon, pourquoi ça coince autant ce matin ?

Et la réponse vient sous forme d’une autre question :

Qu’est-ce que je pourrais écrire pour M’AMUSER moi-même ?

Je commence à me détendre.

Je me mets à sourire spontanément.

— Je crois que j’ai trouvé ! 🙂

Partagez cet article à vos amis :

Laisser un commentaire

5 réflexions au sujet de “Faut que j’écrive un article !”

  1. Bonjour Jean Philippe
    J’adore votre “histoire” qui reflète si bien ce qui m’interroge quelquefois : ces moments où je tourne en rond pour ne rien faire alors qu’il y a tant à faire, à créer….. Accepter cet état de fait et apprendre…..
    Merci
    Belle journée
    Patricia

    Répondre
  2. Excellent, j’adore, c’est vraiment le type d’humour décalé qui me fait rire !
    Et en même temps, c’est tellement vrai, tellement moi, tellement nous, tout le monde…
    MERCI Jean-Philippe, bonne journée
    Isabelle

    Répondre
  3. Bravo Jean Philippe d éveiller notre intérêt pour votre « rien ». J adore votre histoire qui n en est pas une. J adore ces moments de vie où il ne se passe rien hormis qu on cherche justement à remplir ces moments… mais non! Pas compris «  l histoire » du matelas?

    Répondre
  4. Merci Jean-Philippe ! Tu t’es amusé… et tu nous as amusés aussi. Je m’y suis tellement retrouvé dans ton petit billet du matin 😉 Bonne journée

    Répondre