Comment je me suis créé un chagrin d’amour

Il est 15h50.

Je fais une pause et je regarde ma messagerie personnelle.

Nous ne sommes que 3 dans le bureau, dans une tour à la Défense, en région parisienne.

Je vois dans la liste un email de ma nouvelle copine.

Ce qu’il contient et ma manière de réagir allaient déterminer mon état intellectuel, émotionnel et physique pour les 6 mois suivants …


Certains auraient appelé ça un amour de vacances.

Un lieu paradisiaque en Guadeloupe, une semaine de vacances au bord de l’eau, à pratiquer la voile, le vélo et la marche dans l’archipel des Saintes.

Le contraste avec la grisaille parisienne d’un mois de février est plus que flagrant.

D’autant plus que la mission sur laquelle je travaille est ennuyeuse.

Je la rencontre dès l’arrivée au port, en discutant avec deux autres personnes qui deviendront des amis ensuite.

Le courant passe tout de suite.

On décide de faire équipe pour la voile.

Dans ce genre d’expérience, c’est comme si le temps est compressé.

Une heure devient une journée.

Une après-midi, une semaine.

On se rapproche intellectuellement, émotionnellement, physiquement.

Pour moi, c’est relativement nouveau, euphorisant.

Les circonstances y sont pour beaucoup.

Loin du quotidien.

Une vraie connexion entre nous.

Mais la réalité parisienne prend le relais à la fin de la semaine.

On se dit qu’on se reverra et on se revoit, une fois, deux fois.

Je prends le train pour aller la voir pour des weekends.

Un peu fou, je me dis même que je pourrais déménager.

Mais quelque chose ne fonctionne plus, ça ne passe plus comme au bord de l’eau, en tongs, les visages caressés par le soleil des Caraïbes.

Alors cet après-midi là, dans la grisaille parisienne, c’est à la fois une surprise et … pas une surprise.

15h50.

Dans son email, elle me dit que ça ne va pas marcher, que c’était chouette mais qu’on ferait mieux de s’arrêter là.

Sur le coup, je suis étonné de ma réaction.

Je me sens en paix.

Car je suis d’accord avec elle.

C’était chouette, une belle expérience, mais effectivement, je sens aussi que ça doit se terminer.

Je commence à lui répondre directement, avec beaucoup de gentillesse, lui souhaitant le meilleur.

Ce sentiment de paix dure encore quelques instants pendant que j’écris.

15h58.

Une autre partie de moi se réveille soudainement.

Des pensées commencent à affluer.

Des pensées plus lourdes.

— Comment peut-elle faire ça par email ?

— Non, ce n’est pas juste, on était si bien ensemble !

— Elle m’a dit qu’on se reverrait bientôt !

— …

Un tourbillon de pensées se déclenchent.

Le sentiment de paix et de légèreté commence à disparaître et laisse la place à un malaise.

D’abord intellectuel.

De l’incompréhension. Je commence à imaginer ce que j’aurais dû faire autrement, ce que j’aurais dû dire ou pas dire quand on s’est vu, …

Puis émotionnel.

Je commence à me sentir triste, comme si j’avais perdu quelque chose que je n’avais jamais vraiment eu. De la colère aussi, je me sens dans mon droit en plus !

Puis physique.

J’ai une boule au ventre qui vient, je me sens fébrile, tremblant presque.

Ce sentiment de paix et de légèreté a complètement disparu.

J’oublie même qu’il avait été là sur le moment.

Tout a basculé en moins de 10 minutes.

Je me suis laissé embarquer dans des pensées que je n’avais pas choisies, et je me suis créé une sorte de chagrin d’amour qui durera des mois ensuite.

Sur le moment, au travail, je demande à partir, prétextant de ne pas me sentir bien et de ne plus arriver à réfléchir.

Je fais le forcing pour lui parler au téléphone le soir même, ce qui n’arrange rien.

La pauvre, elle a dû se demander ce qui m’arrivait … 🙂

Les semaines qui ont suivi, j’ai ressassé ce qu’il s’est passé là-bas en Guadeloupe, tout seul sur mon canapé ou au téléphone avec les amis rencontrés là-bas.

Intellectuellement, j’étais incapable de quoi que ce soit, comme prisonnier d’un brouillard de pensées permanent.

Il m’a fallu des mois ensuite pour reprendre pied et décider même de changer de boulot.

C’est d’ailleurs à partir de là, que j’ai commencé à m’intéresser à l’Hypnose.

Pourtant, la réponse, la sagesse intérieure était là, juste au moment de la lecture de cet email.

Ce sentiment de paix, de légèreté, de justesse, cette petite voix à l’intérieur qui me disait : Oui, c’est juste.

Mais, d’autres pensées sont venues.

Et j’ai choisi de les écouter.

Partagez cet article à vos amis :

Laisser un commentaire

5 réflexions au sujet de “Comment je me suis créé un chagrin d’amour”

  1. Cher âme, merci pour ce partage. Ta petite voix intérieure SAIT ce qui est juste pour chacun de nous. Nos expériences personnelles dans la matière nous permettent de nettoyer des passés de vies antérieures et celles du présent. Remercier et bénir cette guidance, cette Sagesse Divine qui nous incitent à nous libérer de nos prisons passées vers une évolution sur d’autres plans de lumière. Sois béni🙏

    Répondre
  2. Merci Jean Philippe pour ce partage!!
    Notre première petite voix intérieure est souvent la bonne à suivre !!!
    Sans faire de psychologie de bas niveau , votre première réaction était justement la bonne … ensuite c’est le fameux orgueil / égo qui a pris la relève .
    C’est elle la première qui a pris la décision de mettre fin à la relation !!!
    Rejet / abandon .
    Si ça avait été vous , auriez vous vécu la même peine ?

    Répondre
  3. Quelle l’histoire mère veilleuse et révélatrice : nous ne sommes pas nos pensées 💚
    Nos pensées la plupart du temps sont fondées sur ce qui était et ce qui pourrait être.
    Dans l’instant présent existe simplement ce qui est.
    Ce qui EST, est bon et juste même si le constater intellectuellement dans l’ici et maintenant nous est inn accessible.
    Pouvons-nous apprendre à devenir ami avec notre mental?

    Avec am💖ur!

    Répondre
  4. Merci beaucoup, Jean-Philippe, ça me fait du bien de te lire dans ce partage, dans ce témoignage. Comme je me reconnais. Et comme je me sens moins seule. Il m’arrive parfois de m’observer en train d’avoir des pensées qui ne me font pas du bien, qui me tirent vers le bas, des pensées de schémas que je crois avoir dépassés, transformés. Dans ces moments-là, la détente revient, avec un sourire intérieur de tendresse pour cet être qui se débat avec ses démons intérieurs : l’insécurité, la peur, illusoire et réelle à la fois, de perdre, liée à la peur de mourir que, très tôt, le cerveau limbique a imprimée.

    🙏

    Répondre