Il est 17h.
Je passe la frontière comme une fleur.
Je n’en reviens pas.
Comment est-ce possible ?
J’ai encore presque 6 heures de route mais j’ai l’impression d’être arrivé !
La veille, j’avais déposé mes filles en France pour la fin des vacances.
J’avais décidé de partir plus tôt, un feeling, un pressentiment malgré une envie de garder les filles un peu plus longtemps.
Puis l’annonce d’un confinement se confirme.
Mercredi ce sera donc.
Le trajet est fait en une fois. Fatigant.
Le confinement est confirmé le soir même pour le lendemain minuit.
Pas le choix donc, je dois repartir le lendemain pour le trajet retour, 12 heures de route non stop ou presque.
Rester en France ou redescendre en Espagne pour le confinement, j’ai hésité.
Je voulais faire plusieurs choses avant de repartir mais je mets tout de côté.
Je finis de discuter avec les amis qui m’ont hébergé pour la nuit, je cherche de l’essence, je fais quelques courses pour les repas de la journée et je prends la route.
Je prends conscience que je commence à m’inquiéter du trajet alors je pose l’intention d’avoir un trajet aussi fluide que possible, en imaginant qu’un rayon de lumière venu du ciel balaie la route devant moi.
Et je commence par une session car-aoke :-).
Je fais une pause après déjà 2h30 de route et la radio du trafic résonne dans l’aire d’autoroute.
J’entends parler de difficultés surtout dans le sud, de ralentissements suite à une opération escargot, de bouchons, de manifestations sur les autoroutes et du relèvement du niveau de sécurité suite à un attentat le matin même …
Ce qui implique des contrôles aux frontières …
ET M*RD* !
Je bascule sur la radio du trafic dans la voiture pour avoir les détails.
Je commence à prier intérieurement pour que je passe au travers de tout ça de manière fluide.
Une partie de moi doute quand même …
Le passage de Montpellier est annoncé comme compliqué mais je vois tous les bouchons en sens inverse pendant que la circulation reste très fluide de mon côté.
Gratitude.
J’envoie des pensées de compassion aux véhicules à l’arrêt en face.
Je continue la route, mon but est de passer la frontière rapidement et idéalement d’arriver à bon port avant le couvre-feu espagnol ensuite.
Les difficultés augmentent d’après la radio, frontière franco-espagnole, plus de 10 kilomètres de bouchons apparemment …
Une partie de moi s’abandonne à l’idée que je reste bloqué en France aujourd’hui et du coup pour le confinement éventuellement ensuite.
Je lâche prise et je me dis « Tant pis », ma préférence restant d’être en Espagne.
J’arrive à Perpignan.
Je me dis que, ça y est, ça va coincer à partir de là.
Je guette la section rouge sur le GPS, indiquant la présence de bouchons.
Mais il m’indique de sortir de l’autoroute.
J’hésite.
Je sors.
Et c’est parti pour 25 minutes de petites routes. Une dizaine de voitures se suivent à la queue-leu-leu, entre un camping-car et un camion.
Je pense qu’on a tous le même GPS :-).
C’est fluide, je m’attends à ce qu’il me fasse passer la frontière par la route et non pas par l’autoroute.
Et là, je vois qu’il me ramène sur l’autoroute. Le GPS devient rouge, je commence à jurer :
Punaise mais pourquoi tu me fais revenir sur l’autoroute !
J’arrive à la bretelle, c’est bouché au rond-point sur une autre entrée, les gens forcent, les camions coincent dans le virage, ça pousse derrière.
Je passe au travers sans effort, je passe le péage et je prends la direction Barcelone.
Je me prépare psychologiquement à tomber sur les bouchons.
Pour l’instant rien.
L’autoroute est vide ou presque, un camion qui ralentit dans la côte, une voiture qui me double et disparaît au loin.
On arrive au poste frontière … désert.
Je regarde à gauche et à droite les voitures de police garées, aucun signe de vie.
Bientôt le panneau bleu européen « España » et une autoroute toujours aussi déserte.
Je n’en reviens pas.
J’ai l’impression d’être passé dans une réalité alternative, d’être comme un fantôme au milieu du monde des vivants, dans des réalités qui se superposent.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai largement préféré cette réalité-là pour mon trajet !
Chacun sa réalité
Aujourd’hui, plus que jamais, chacun semble vivre une réalité différente.
Et on est tous capable de changer de réalité.
La crise sanitaire a mis en évidence que cette expérience collective peut être vécue à travers différents prismes de perception, créant ainsi des réalités différentes.
Certains vivent par exemple dans une réalité où ils connaissent des gens qui sont décédés du coronavirus, d’autres vivent dans une réalité où ils ne connaissent pas une seule personne qui a été contaminée.
Il n’y a pas une réalité qui est plus « vraie » que l’autre, ce sont les réalités que vivent ces personnes.
Et du coup, leur comportement, leurs émotions, leur choix découlent de cette réalité vécue.
Certains ont peur, d’autres ont peur de la peur, d’autres s’en fichent royalement.
Le contraste est de plus en plus important.
Je revenais d’une randonnée en pleine nature quand une dame était assise sur un banc au point de départ.
Surprise de nous voir, elle s’est levée rapidement en remontant son gilet devant sa bouche et son nez et s’est éloignée.
Nous étions à plus de 10 mètres d’elle quand elle est partie.
Une amie présente était presque choquée de la réaction de cette dame.
Comment peut-on avoir aussi peur ? s’est-elle dit.
Au final, peu importe la réalité des autres.
Il n’y a pas à juger (ce qui n’est pas toujours facile !).
L’important, c’est dans quelle réalité allez-vous choisir de vivre ces prochains temps ?
Car c’est comme si notre pouvoir de création devenait de plus en plus fort.
Comme si notre réalité reflétait plus rapidement et plus intensément encore notre propre monde intérieur.
De plus en plus, l’effort et l’énergie devraient être mis dans la direction où vous voulez aller et non pas résister à ce que vous ne voulez pas …
Quelle réalité voulez-vous créer à partir de vous-même et pour le monde ?
Soyez inspiré par la réalité des autres mais pas découragé.
Nourrissez celle qui vous donne le sentiment le plus élevé.
Éclaireur
(pour en savoir plus sur mon cheminement, lire qui suis-je ?)
Le doute a une fâcheuse tendance à s’installer dans nos esprits,tout ce confort,toutes ces facilités que nos sociétés nous offrent nous désarment et font de nous des esprits »fragiles ».
Prendre conscience que nous avons la capacité de transformer notre façon de penser,de vivre les événements différemment c’est la clé de notre bien être.
Le seul et unique vrai pouvoir est à l’intérieur ❤️🙏
Merci pour ce message et cette anecdote partagée,pas anodine du tout. Je suis entière d accord, chacun sa perception de vivre et de voir les choses. Ayons la pensée la plus élevée de nous même et pour nous meme est la meilleure chose qu on puisse s offrir et on peut en être inspirant pour les autres…
Merci!
Bonjour
Pour calmer vos peurs je vous propose ce lien de méditation le meilleur que j’ai trouvé
https://insighttimer.com/
Ce matin plus de 10 000 personnes étaient à mes côtés dans la méditation alors le confinement je ne le ressens pas du tout et la peur n’existe pas nous n’avons pas attendu le Covid pour savoir que nous pouvons mourir à chaque instant l’essentiel est de profiter de l’instant présent et de vivre pleinement
Bon courage et profitez bien de la chance de vivre en Espagne c’est vraiment un privilège!
Elisabeth
Merci pour cette lettre.
Coucou Jean-Philippe, j’ai adoré ton article! il m’a fait énormément rire!! il est d’une richesse! Merci pour ton partage d’experience! Tu démontres à quel point la peur nous fait croire à des illusions et la fluidité du lacher prise! En ces temps, utilisons la confiance en la source, l’intuition afin de nous guider! 😉