« Je n’ai pas le choix » : le brouillard des émotions

La décision était prise.

J’allais changer de boulot !

Cela faisait un moment que cela me trottait dans la tête, mais cette fois, je voulais changer !

Je commence à en parler autour de moi, petit à petit, à la fois pour m’engager indirectement et aussi pour voir ce que ça me faisait de le dire, et confirmer que c’était la bonne décision.

La première personne à qui j’en parle, pensant lui annonçant une grande nouvelle, me répond sans étonnement qu’ « il était temps ! ».

D’après elle, j’étais au bord du désespoir dans ce poste, donc cela faisait un bout de temps qu’elle se demandait quand j’allais passer à l’action !

Même réaction avec un proche de la famille : « Oui je pense qu’il est temps ! ».

Punaise, mais ça se voyait tant que ça ?!

Et le clou a été enfoncé un matin par le plombier avec qui je parle aussi de changer de boulot. Au bout d’un moment, il me répond : oui, je pense qu’il est temps !

Décidément, ils se sont passés le mot !

Quand l’évidence ne saute pas aux yeux

Cela vous est peut-être déjà arrivé dans l’autre sens, où l’issue d’une situation vous paraît tellement évidente pour votre ami que vous vous demandez pourquoi il ne la voit pas.

Relation de couple en berne, carrière dans une impasse, projet qui n’avance pas, habitude peu aidante, …

Quand il s’agit des autres, c’est toujours plus clair.

Quand il s’agit de soi, c’est toujours plus clair pour les autres !

Alors qu’est-ce qui fait que cette évidence nous échappe ?

Pourquoi les autres ont-ils cette conscience plus élevée de la situation alors qu’ils ne sont même pas dedans ?

C’est comme s’il y avait un brouillard devant soi, comme si c’était impossible de voir à plus de 2 mètres alors que les autres voient clairement le chemin jusqu’à l’horizon ou presque.

Ce brouillard ? C’est un brouillard émotionnel.

En fait, ce qui nous empêche de voir les différents chemins qui s’offrent à nous, ce sont nos émotions bloquées.

Elles forment un écran de fumée qui empêche discernement, réflexion, et conscience des choses.

C’est seulement lorsqu’on a traitée ces émotions, qu’on les a plus ou moins libérées que l’horizon se dégage et que tout devient plus clair.

Si par exemple, une relation romantique n’avance plus malgré des efforts et que la seule issue c’est la séparation, la personne qui y est confrontée va probablement ressentir des émotions intenses liées à cette idée de séparation :

  • Culpabilité : elle ne voudra pas blesser l’autre et préférera se taire, et continuer de se mentir à elle-même
  • Peur : elle n’a pas envie de se retrouver toute seule d’un point de vue affectif
  • Anxiété : elle sera confrontée à des difficultés financières, ce qui va créer un stress et des peurs

Chaque fois que l’idée de séparation sera l’objet de ses pensées, cela va réveiller différentes émotions désagréables liées à son vécu et qui vont largement compenser l’intérêt de se séparer.

Et la personne ne va pas se séparer tout de suite (voire jamais !).

Ou bien, inconsciemment elle va générer des situations pour saboter un peu plus sa relation jusqu’à ce que le ou la partenaire prenne la décision de mettre fin à la relation.

« Je n’ai pas le choix ! »

Prenons un autre exemple.

L’aspect boulot n’avance pas ?

Le poste ne convient plus ? L’ambiance est toxique ? Le burn-out est à deux pas ? Ce travail est vide de sens ?

Cette personne vient vous voir, vous explique la situation pendant une heure.

Au bout d’un moment, vous voyez bien que la solution c’est de changer de boulot.

Et pourtant, la personne ne fait rien pendant des mois, voire des années, quitte à devenir aigrie.

Et oui, l’idée de changer de boulot va probablement générer des pensées pas forcément super plaisantes :

  • Et si je ne trouve pas de boulot ailleurs ?
  • Et si jamais je me trompe ?
  • Et si c’était ma faute après tout ?
  • Et si je ne gagne pas autant dans mon prochain boulot ?
  • Et si ailleurs, c’est pareil, voire pire ? Je sais ce que je quitte, pas ce que je trouve !
  • Et si je n’arrive pas à me former pour un autre métier ?
  • Et si jamais ça ne me plaisait pas non plus ?

Les pensées vont réveiller des émotions qui vont empêcher d’entamer un changement de carrière.

Ces émotions vont paralyser la personne dans cette situation et quand on lui demande pourquoi elle reste à ce poste, elle va répondre « Je n’ai pas le choix ! ».

La personne en question va ressentir plus ou moins en conscience ces émotions et son mode de décision va dépendre largement de celles-ci.

Mais pour l’entourage, elles sont peu ou pas visible et c’est l’incompréhension.

Jusqu’à ce que …

Quand c’est trop, c’est trop …

Donc du côté gauche de la balance, il y a cette envie de changement, un appel vers autre chose, du côté droit, une pile d’émotions désagréables qui pèsent leur poids.

La balance penche largement à droite ! Il n’y a pas photo !

Vous avez beau appuyer avec votre doigt sur le plateau à gauche pour tricher un peu, ça ne change rien à la choucroute.

Alors qu’est-ce qui fait que ça peut basculer à un moment donné ?

Qu’est-ce qui fait que la personne se réveille et décide de changer ?

Deux possibilités pour que l’envie de changer l’emporte :

  1. soit le poids des émotions à droite s’allège, parce que celles-ci sont libérées, les peurs sont transcendées, le brouillard disparaît
  2. soit l’appel à changer devient trop fort, le mal-être lié à la situation actuelle devient trop important pour être ignoré

Dans le premier cas, ça peut se faire en douceur, le travail sur soi libère les émotions petit à petit et un beau matin, l’évidence nous saute aux yeux et on passe à l’action.

Dans le second cas, on a un poids énorme des deux côtés mais le plateau de gauche l’emporte et on amorce un changement malgré toutes ces émotions. Mais c’est douloureux, ça rame, on se galère, on lutte contre soi-même pour faire un pas après l’autre, avec le risque permanent que la balance lâche à cause de l’excès de poids des deux côtés.

La balance qui craque au milieu, c’est le burn-out.

Je choisis de ne pas avoir le choix

On a toujours le choix …

Mais je vais souvent faire un choix pour éviter d’avoir à faire l’expérience d’émotions désagréables.

Dans la situation dans laquelle je suis, j’étudie les options dans ma tête, et chaque option va générer des émotions plus ou moins intenses en fonction du vécu de chacun.

Et pour ne pas avoir à vivre ces émotions, je vais faire un choix.

Sauf que tout se passe tellement vite dans notre tête (un coucou à ceux et celles qui pensent « trop » 😉 ) qu’on a l’impression justement de « ne pas avoir le choix ».

Car le choix est fait inconsciemment, en arrière-plan de notre conscience.

On a toujours le choix … c’est juste qu’on n’aime pas certaines conséquences de ce choix.

Observer ses pensées, ressentir ses émotions permet de mieux comprendre notre mode de décision et ce qui nous bloque aujourd’hui dans une situation.

C’est apporter plus de lumière à l’intérieur pour voir ce qui s’y passe, c’est ça aussi vivre en conscience !


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