Tous prisonniers d’une manière de penser ?

— Ah non, demain matin, je commence le travail à 9 heures … me répond-t-il comme une évidence.

Et là, je comprends quelque chose de très important sur la manière de penser !


Je suis dans une résidence de co-living, un lieu de vie partagé par un groupe de personnes qui travaillent à distance et qui restent pour quelques jours, une semaine, un mois voire plusieurs … Vieille ferme réaménagée près de la forêt, ancienne garnison militaire réhabilitée en montagne, grande bâtisse familiale rénovée dans un centre historique, …

On y rencontre des personnes de partout dans le monde, qui ont eu envie de vivre autrement, de sortir d’un quotidien qui ne leur convenait plus.

Quelque chose devait changer, pas forcément tout mais au moins un aspect.

Elles ont commencé à questionner mais elles se sentaient bien seules car autour d’elles, on ne les comprenait pas.

“Pourquoi tu veux changer quelque chose ?”

Les amis, la famille, généralement ne comprennent pas cet appel à faire différent (je l’ai vécu quand j’avais annoncé que je partais en Nouvelle-Zélande).

Et c’est parfois impossible de se faire comprendre.

Je me rappelle d’une discussion il y a quelques années où je disais que j’allais dans un co-living pour deux semaines.

— Ah tu pars en vacances ?

— Non, je voyage mais je vais quand même travailler.

— Ah, c’est un voyage d’affaires pour le boulot alors ?

— (soupir), non je voyage pour moi mais je continue à travailler quand même !

et là, ça bloque un peu dans l’esprit de l’interlocuteur.

C’est soit l’un, soit l’autre. Soit des vacances, soit pour le boulot, mais ça ne peut pas être les deux, se dit-il !

Mais quand on a la possibilité de travailler à distance (ce que la crise de ces dernières années a poussé beaucoup de monde à faire), on peut arriver à la conclusion qu’on pourrait très bien travailler depuis un autre endroit que chez soi !

Si je peux continuer à travailler et en même temps, rencontrer du monde, découvrir un nouveau pays, faire de nouvelles activités, c’est tentant, peut-on se dire !

Ni vacances, ni voyage d’affaire, simplement une autre manière de vivre un aspect de sa vie !

Les deux sont conciliables … à partir du moment où on accepte l’idée que les deux peuvent co-exister en même temps.

A partir du moment où on arrête de penser d’une certaine manière … que l’on sort d’une boîte dans laquelle on est enfermé ou plutôt … dans laquelle on s’enferme soi-même !

Quand on sort d’une de ces boîtes, les portes s’ouvrent, le royaume des possibles s’agrandit pour soi, une limite a été levée.

Pas à l’extérieur, mais à l’intérieur.

Et les choses changent.

Pas uniquement à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur.

Jusqu’à ce qu’on se heurte à une autre boîte, à une autre manière de penser qui va nous limiter.

On peut très bien être sorti d’une boîte et ne pas en voir une autre.

Vous pouvez rencontrer quelqu’un de très libre dans sa manière de penser dans un aspect de sa vie et de très enfermé dans un autre aspect, parfois très proche pourtant !

J’étais à la montagne à ce moment-là.

Je proposais une randonnée le lendemain, parce que le temps était propice et plutôt le matin pour ne pas qu’il fasse trop chaud.

Le ton de sa réponse me surprend.

Ce qui est évident pour lui ne l’était plus pour moi.

D’autres personnes me répondent la même chose, elles doivent travailler de 9h à 18h.

Parmi elles, il y a des entrepreneurs, des indépendants qui sont suffisamment libres de leur planning, de leurs contraintes pourtant.

Mais il y a cette habitude, cette idée qu’ils doivent travailler du lundi au vendredi, de 9h à 18h.

J’ai fait pareil pour être honnête quand j’ai quitté mon dernier poste de salarié.

La semaine suivante, j’ai gardé le rythme, pour avoir une structure, une discipline.

C’était une manière de cadrer cette liberté nouvelle et rester responsable.

Et puis, les choses ont évolué quand j’ai compris que la liberté et la responsabilité ne sont que les deux faces d’une même pièce.

Personnellement, j’aime travailler tard le soir quand j’ai l’impression que le monde s’est endormi, ou bien le weekend ! Je peux être très productif le dimanche !

En plus, cela me permet de partir me balader le reste de la semaine quand il n’y a personne sur la route, sur les chemins, de visiter des endroits quand c’est calme ou de faire des activités sans faire la queue.

Cela me permet aussi de mieux gérer mon énergie, partir prendre l’air pendant une heure et être productif ensuite, plutôt que de peiner devant mon clavier pendant 3 heures laborieusement parce que je n’ai pas la tête à ça mais qu’il “fallait” que je commence à travailler à 9h.

Bien sûr, il y a toujours des contraintes mais on peut se poser la question de l’œuf ou la poule.

Est-ce que j’ai ces contraintes parce que ma manière de fonctionner fait qu’elles existent comme ça ?

Si je fais des massages et que j’ouvre les rendez-vous de 9h à 18h non-stop, alors oui, mes journées vont être de 9h à 18h… !

Je pourrais très bien me demander pourquoi 9h-18h et si ça correspond à ce que j’ai envie.

Pourquoi pas 7h-11h ? Parce que je suis lève-tôt et 16h-20h parce que j’aime bien avoir un “trou” en milieu de journée pour moi ?

Et travailler le samedi mais pas le jeudi. Et une nocturne le mardi soir jusqu’à 22h mais sans travailler le mercredi matin ?

Ce n’est pas parce que tout le monde fait 9h-18h que vous devez faire pareil.

C’est comme certains magasins ouverts sur les horaires de bureau, ce n’est ni forcément efficace pour avoir des clients ni pratique pour la personne qui tient la boutique. J’imagine bien des personnes courir pour déposer des enfants à l’école pour ouvrir ensuite le magasin à l’heure et il n’y aucun client pendant plus d’une heure ensuite …

J’ai aussi entendu des personnes me dire qu’elles allaient au bureau avec une heure de transport pour faire des réunions en “visio” sur leur ordinateur …

“Mieux” encore, j’ai cru comprendre que dans certaines entreprises “hybrides” (certaines personnes télé-travaillent, d’autres viennent au bureau), ils demandaient à tout le monde, y compris les personnes présentes physiquement, de se brancher sur leur ordinateur individuellement pour participer à la réunion, en se mettant dans des salles différentes ou à leurs bureaux respectifs …

Oui, vous avez le droit d’être intelligent, de vous poser des questions et de faire différemment.

Parce que beaucoup de “règles” ne sont que des conventions, des manières de penser les choses, le travail, la vie.

Je

pourrais

très

bien

choisir

d’écrire

un

mot

par

ligne.

Ce n’est pas le plus pratique, ni pour vous, ni pour moi, mais c’est une possibilité … que je mets de côté en conscience :-).

Le plus important, c’est de se rappeler qu’on est toujours prisonnier d’une manière de penser, parce que le monde pense comme ça, avec des boîtes de pensées pré-fabriquées

Se rappeler aussi qu’on peut remettre facilement en question un aspect (je continue à travailler mais je vis ailleurs), et être complètement inconscient qu’on pourrait faire un choix différent concernant un autre aspect (changer d’horaires).

Enfin, l’idée n’est pas non plus de tout remettre en question pour le principe de tout changer, mais de réfléchir à notre manière de penser et faire des choix plus en conscience !

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1 réflexion au sujet de « Tous prisonniers d’une manière de penser ? »

  1. Ah grand merci Jean Philippe
    Je fonctionne comme cela depuis la plus violente crise subie : le décès de mon conjoint
    Je m’octroie de travailler à mon rythme qui change au gré de mes envies et choix qui évoluent !
    Cela s’est fait progressivement en glissant vers le besoin de prendre soin de moi !
    Et bien sûr remettre en cause nos manières de penser est TRÈS utile et ce même en spiritualité
    J’ai commencé il y a bien longtemps là dessus en débutant en mettant les “cieux” le Divin tout autour de moi, donc aussi dessous pas que au dessus !
    En passant d’un Dieu le père, masculin à une chose suprême hermaphrodite ou équilibrée comme Yin et Yang (chemin de mon travail et évolution) et je continue à revisiter les boites 😉
    Lokah Samastah Sukhino Bhavantu pour vous Jean Philippe et toutes les personnes qui liront !

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