« – Non, je ne gérerais pas ce projet ! »
La réunion avait duré 1h30 en plein cœur de Paris, dans les beaux quartiers.
L’équipe commerciale était au taquet, c’était une rare opportunité d’entrer chez ce « gros » client du CAC40.
Pendant le rendez-vous, il fallait bien comprendre le besoin pour faire ensuite une proposition au client afin de l’accompagner sur ce projet.
Mon travail consistait à cadrer le projet, dire exactement ce qu’on allait faire, combien de temps ça allait prendre, quand est-ce qu’on allait livrer le résultat, de quelles ressources on allait avoir besoin, quels étaient les risques, etc.
Et à la fin, l’équipe commerciale mettait tout en bas le montant à facturer (je caricature mais c’est un peu ça 😉 ).
C’est ce qu’on appelle l’avant-vente.
Du grand classique en somme pour moi à cette époque, à la différence près que pendant cette réunion, quelque chose clochait.
A mesure que le client répondait aux questions que l’on posait pour comprendre son besoin, je ressentais une lourdeur, un sentiment de « ça va pas le faire du tout ».
Ce sentiment grandissait à mesure que la réunion avançait au point que j’avais envie de partir avant la fin !
La réunion se termine enfin, nous quittons les lieux et nous faisons un rapide debriefing sur le trottoir avant de rentrer aux bureaux.
Quand mon chef me demande ce que j’en pense, je crois que j’ai répondu spontanément : « c’est un projet qui pue ! ».
Pas super professionnel, mais ça venait du cœur ! 🙂
J’ai ajouté qu’on allait droit dans le mur avec ce projet.
J’avoue que j’avais du mal à justifier pourquoi.
« Ah mais JP, tu peux pas dire ça, t’es défaitiste, c’est un client chez qui on essaie de rentrer depuis des années ! », me répond-t-on.
Le dialogue continue quelques instants mais je finis par dire sur un ton presque capricieux :
– Non, je ne gérerais pas ce projet !
Quelques mois plus tard, j’accueille un consultant pour lui faire passer son entretien annuel au siège de l’entreprise.
Nous nous dirigeons vers une salle à l’étage que j’avais réservée, mais à travers les vitres, je me rends compte qu’elle est pleine à craquer, avec des grands « chefs à plumes » de l’entreprise.
Un collègue me voit et sort pour s’excuser pour la salle, il me dit qu’il y a réunion de crise sur un projet avec un gros client du CAC40 car le projet est « parti en vrille » …
C’était le projet que j’avais refusé de gérer plusieurs mois plus tôt !
Une pensée arborescente
Alors, non, ce n’est pas un article pour me lancer des fleurs, mais pour illustrer une difficulté récurrente chez certaines personnes.
Leur manière de réfléchir est différente et elles ne s’en rendent pas toujours compte, souvent elles ne l’acceptent pas et vont finir par se juger négativement.
Imaginez une discussion avec plusieurs personnes pour résoudre un problème.
Le problème est posé, et tout le monde est à la recherche de solutions.
La discussion commence avec un premier scénario, il est exploré, on imagine le déroulé, on identifie les obstacles et on se rend compte que ça ne va pas marcher.
La discussion autour de la table enchaîne alors avec un deuxième scénario de solution. On explore de manière similaire et si ça ne convient pas, on passe au troisième scénario, et ainsi de suite.
Au bout d’une heure, le groupe est enfin tombé sur un scénario de solution qui va fonctionner !
Si vous réfléchissez de manière différente, ce processus de recherche de solution est pour vous laborieux et épuisant.
Parce que dans votre tête, une fois le problème posé, c’est comme si vous aviez exploré tous les scénarios en parallèle, de manière arborescente comme certains disent. Vous avez donc pu identifier LE scénario qui allait fonctionner, en éliminant toutes les autres branches des scénarios voués à l’échec.
Cela en quelques minutes à peine …
Et souvent vous ne comprenez pas pourquoi les autres ne voient pas tout de suite que c’est « celle-là » la solution. Comme le nez au milieu de la figure !
C’est tellement évident pour vous que vous avez du mal à justifier, à expliquer pourquoi « cette solution » va marcher ou bien que les autres ne vont pas résoudre le problème.
Trouver la solution aura été facile et rapide, mais discuter avec les autres pour vous expliquer pendant une heure vous aura épuisé …
Frustration, doute, jugement des autres, comparaison, jugement de soi, … Les sentiments qui en découlent ne sont pas toujours les plus positifs.
D’autant que vous ressentez lourdement le regard des autres …
Ni meilleur, ni moins bien, juste différent
C’est un phénomène dont on parle de plus en plus depuis de nombreuses années (zèbre, HPI, empathes, etc.) mais je me rends compte que beaucoup de personnes n’en ont pas conscience encore et que ça les pèse parce qu’elles n’acceptent pas leur propre mode de fonctionnement.
Alors, expliqué comme ça, ça fait bien, ça nourrit un peu l’ego de se dire qu’on peut trouver une solution en 5 minutes là où les autres vont mettre une heure.
Mais c’est comme pour beaucoup de choses, il y a deux faces pour une même pièce.
Avec un mode de pensée arborescent, vous allez chercher une recette pour faire des crêpes sur internet et une heure plus tard, vous êtes en train de regarder une vidéo sur les pyramides d’Egypte et comment elles pourraient être un portail énergétique pour le voyage intersidéral !
« Ah mais au fait, je cherchais quoi au début ? »
D’ailleurs, deux personnes avec un mode de pensée arborescent vont avoir une discussion passionnante mais qui va partir dans tous les sens.
Quelqu’un avec un mode de pensée linéaire va être largué dès le premier embranchement vers un autre sujet.
C’est pour ça que ça ne « connecte » pas avec beaucoup de personnes et très très bien avec d’autres, plus rares peut-être.
Et c’est sans compter la dimension empathique qui peut être difficile à gérer, surtout lorsqu’on est déjà mis à l’écart parce qu’on pense différemment.
Explorer en arborescence
Je connais plusieurs personnes en ce moment qui sont en phase exploratoire.
Elles sont intéressées par un sujet plus ou moins large et vont passer des heures à lire, se documenter, regarder des vidéos, expérimenter peut-être un truc ou deux, acheter deux-trois bricoles pour voir, …
De l’extérieur (et même souvent pour la personne en question), cela paraît n’avoir aucune structure, aucune direction, « ça part dans tous les sens », je prends un truc à gauche, je prends un truc à droite, je les connecte alors qu’ils n’ont rien à voir à la base, …
Mais en fait, c’est leur mode de fonctionnement, c’est un mode préparatoire, elles acquièrent non seulement des connaissances, mais une culture, une manière de penser, elles structurent le sujet dans leur tête à leur insu, elles préparent les fondations sur lesquelles construire quelque chose ensuite.
Très souvent d’ailleurs, au bout d’un moment, elles se rendent compte qu’elles connaissent certains sujets aussi bien voire mieux que des personnes qui sont dedans depuis plus longtemps. D’autant qu’elles vont avoir une approche transverse et vont pouvoir aussi bien communiquer avec un expert sur le sujet qu’avec un débutant lambda, un investisseur ou un artiste.
Pendant mes études, il y a 20 ans, je me suis mis à utiliser des logiciels libres (dont j’adore la philosophie) notamment Linux (GNU Linux pour les puristes) en lieu et place du traditionnel Microsoft Windows. C’était un hobby mais je me suis rendu compte avec mes premières expériences professionnelles que je voulais vraiment travailler là-dedans.
Et j’ai commencé à passer des heures sur un site collaboratif spécialisé (linuxfr.org pour les intéressés), je lisais toutes les publications, tous les commentaires, j’y passais des heures et des heures sur mon temps libre et mon temps … moins libre ;-).
C’était plus fort que moi, une obsession presque !
Je culpabilisais d’y passer autant de temps, d’être un « geek » et de devoir rattraper mon travail à la fin de la journée …
J’étais, en fait, en train de préparer le terrain pour mon futur poste car plus tard, j’ai changé d’entreprise pour travailler dans ce domaine précisément et je me suis rendu compte que j’avais appris tous les codes, la culture, la manière de penser, tout ce dont j’allais avoir besoin pour comprendre, m’intégrer dans des équipes, convaincre les clients, etc.
Oui, parfois, ça peut devenir obsessionnel et c’est bon de faire une pause ou deux :-). Mais gardez à l’esprit qu’il y a un côté intuitif qui nous guide aussi et vous remarquerez (ou bien vous avez déjà remarqué dans vos expériences passées) qu’il peut y avoir un sentiment de « c’est assez ».
J’ai « assez » accumulé d’information pour m’y mettre différemment maintenant et re-focalisez mon énergie.
Vous êtes normal-e !
Peu importe les étiquettes, les cases dans lesquelles on essaie de mettre ces personnes avec ce mode de fonctionnement, l’important c’est d’accueillir et d’accepter sa propre manière de penser, sa propre manière de fonctionner.
D’ailleurs, cette manière de penser s’affranchit des cases, des boîtes, des étiquettes, c’est justement sa force, de penser en dehors des cases.
N’écoutez pas ce dialogue intérieur qui juge, qui vous dit que vous devenez fou, obsessionnel …
Ecoutez-VOUS, votre intuition, votre instinct, votre ressenti.
Comment est-ce que je me sens ?
Ça me tire vers le haut ou vers le bas ?
Accueillez ce mode de fonctionnement, accueillez-vous tel que vous êtes et vous allez voir votre impact changer pour votre vie et pour le monde !
Éclaireur
(pour en savoir plus sur mon cheminement, lire qui suis-je ?)
Merci pour ce texte eclairant ou se melent intuition humanite et co naissance…
Je vous lis tous les jours depuis plusieurs années,c’est la première fois que je vous laisse un commentaire. Le texte de ce matin me parle beaucoup, tellement de fois je n’ai pas su écouter mon intuition ( j’aurais donc dû ).
Merci
Depuis toujours, et quelque soit le milieu ou les circonstances, je passe pour une personne pas comme tout le monde . Plus jeune j’en ai un peu souffert, aujourd’hui, j’assume et le revendique si besoin, je sais que ma boussole intérieure ( mon intuition) me mène toujours à bon port . Gratitude pour ce partage et tous les autres d’ailleurs…
Là je me suis bien reconnue, j’ai bien ri la recette des crepes (sans chapeau désolé j’ai un problème à une touche ) et se retrouver avec une vidéo sur l’Egypte c’est tout à fait moi. Je suis tellement interessée par beaucoup de choses que j’explore pleins de domaines. J’ai une idée de création je cherche des vidéos sur le sujet et je trouve pleins d’autres idées créatives. Je les place dans mes favoris et je prends des notes pendant les vidéos . Je n’ai pas encore fais le tris ni de classifications ni relu mes notes . Lorsque je lache prise je crée sans chercher comment faire je me laisse guider et je m’amuse. Lorsque je regarde à l’ordinateur je perds du temps, je me perds et je culpabilise de ne pas me faire confiance . Je suis une passionnée de pleins de choses et je n’arrive pas à me poser dans un domaine précis. Je m’éparpille j’ai du mal à finir quelque chose . Je fais du mieux que je peux.
Merci Jean Philippe pour ce partage d’expérience, très révélateur dans lequel je me reconnais à 100 % !
J’ai écouté bien souvent mon intuition et l’ai regretté aussitôt après et pourtant à ce jour, je me félicite car grâce à cette écoute, cela m’a mené à VIVRE des situations merveilleuses et quand j’écris VIVRE, je « voeux » dire que les situations deviennent la concrétisation de mes Rêves et chemin faisant de leur concrétisation, Dieu sait combien pas facile à vivre… (je lis les news de Neale Donald WALSCH) car ajustement et guérison au fur et à mesure… Aussi, j’accueille au moment présent du mieux qu’il m’est possible et quel « Apprenti Sage » !!! Waouh !!!
Par exemple, même si les moyens ne me le permettaient pas à ce moment-là, j’ai écouté mon intuition depuis le temps que j’ai l’intention d’ écrire un livre et comme par hasard, j’ai demandé des solutions et réussi à me donner les moyens de venir rencontrer Monsieur Neale Donald WALSCH quand vous aviez organisé cette soirée à Paris !!!
Et quel Bonheur d’avoir partagé nos valeurs communes dans ce magnifique endroit, en votre agréable compagnie, celle de l’invité plein d’humour et toutes ces personnes venues pour cette Première… C’est cela la Vie, tellement SIMPLE quand on y pense et avec une demande !!!… cela fonctionne on reçoit… même des fois du pas marrant même avec une intention saine de pensées constructives et donc d’agissements différents qui dérangent les normalités de certains-nes comme si je n’avais pas le droit d’ETRE qui JE SUIS et cela depuis ma Naissance, il en est ainsi… Et ressentir et penser que je dérange bien sur auparavant me dérangeait aussi, à présent, j’en ai fait une force et suis heureuse de m’accepter comme je suis… Alors Merci la Vie car après l’ordre se rétablit… s’ajuste et en fonction de mes choix avec ou sans moi, j’accueille les synchronicités qui m’en informent et me font sourire comme pour m’encourager à continuer…
MERCI la Vie pour qui vous êtes
MERCI de nous transmettre vos riches expériences
MERCI pour votre authenticité
Oui, tout à fait en accord